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Jouer sur Blisstown

BlissTown, mutation carcérale bâtarde de Las Vegas, microcosme en plein coeur du Désert du Nevada. Construite à l’image des ambitions des plus grands entrepreneurs du monde, la ville et ses alentours sont le résultat de tout l’isolement que l’argent peut acheter. Ici, même le climat est maîtrisé par un miracle surnaturel appelé Bliss dont seule Ceres semble percevoir les contours. Être un BlissTownie, c’est un statut unique au monde. Un art de vivre pour certains, une malédiction pour beaucoup. Une culture de l’éphémère, un attachement toxique à une ville qui étouffe ses enfants tout en les propulsant dans un univers où tout va trop vite. Au milieu de cet environnement en mutation permanente offrant à ses enfants des capacités qu’ils n’ont jamais demandées s’affrontent les ambitions, les recherches de liberté et les soifs de vengeance. A chaque nouvel événement étrange et parfois désastreux, les questions pleuvent. Pourquoi tout le monde reste dans cette ville-expérience où l’influence des gangs s’étend un peu plus chaque jour ? Quelle nouvelle bizarrerie réserve-t-elle à ses habitants ? Mais surtout : qu’est-ce que le Bliss, et que faire de ce terrifiant cadeau du destin ?
Chapitre ILe phénomène Eleanor
Actualités HRP
20.04.2023

Un sujet de foire aux questions a été créé pour regrouper les questions du discord.

10.04.2023

Ouverture du forum, allez lire le message d'introduction !

@Blisstown Whispers

Il paraît qu’un sous-sol supplémentaire est apparu sousl’ancien Caesar Palace en l’espace d’une nuit, après le grand“boum” que tout le monde a entendu.

@SinistreDoggo

Je suis passé devant un bâtiment qui n'était pas là hier. Il est immense, noir et semble être en construction depuis des années. Mais personne n'a jamais vu qui travaille dessus.

@AidenMystery

Je suis allé dans un parc qui était fermé pour la rénovation. Pourtant, j'ai entendu des rires et des cris d'enfants. En me retournant, j'ai vu des jouets bouger tout seuls.

@SkyeTheExplorer

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Le Staff

Eva Wolffhart

Fondatrice • MP

Zelkov

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Instabilités du Bliss

On constate des disparitions, et beaucoup d'admissions à la clinique ...

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A la recherche de la Fée Dragée

Dariel Vaughan
Townie
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A la recherche de la Fée Dragée - Page 2 M7z2
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41
Âge :
33 ans
Origine :
Blisstown
Métier :
Agent immobilier
Surnom :
Dany
Citation :
Je vous fait visiter ?
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Disponible
Biographie :
L'humain est le fils du milieu, il possède une grande soeur et une petite soeur mais jusqu'ici je n'ai rencontré que lui en tant que représentant mâle de sa famille.
Une sombre histoire de prénom est au coeur des affaires familiales. Je ne comprends pas pourquoi. Dariel c'est joli pour un humain.

Je le tolère dans ma superbe demeure avec vue. C'est un bon colocataire, gentil et généreux. Il ne tolère aucune visite, aussi mon auguste personne n'est-elle jamais dérangée.

- pensées de Charlotte

L'humain part souvent pour son travail. Il vend des arbres à chat et des caisses à d'autres humains je crois. Avec bac à litière inclus !
- pensées de Charlotte

Notre vie est très tranquille. Il ne se passe jamais rien et ça me plaît ! Mais parfois, quand l'humain rentre, il ne se sent pas bien. Il est tout paniqué ou triste. Alors je le rassure par quelques ronrons. Et il m'aime encore plus.
- pensées de Charlotte



Dariel Vaughan
https://blisstown.forumactif.com/t157-les-visites-programmees-de-dariel
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Comme il s’en doutait : oui, ça ne se bousculait pas au portillon. Pas assez en tous cas pour que ce garage soit considéré comme un espace public, contrairement à ce que pouvait interpréter Frédérick. La question surprenait souvent lorsqu’il la posait. On se méprenait bien souvent sur sa signification. Dariel soupira intérieurement. Ca ne durerait pas longtemps. Juste quelques secondes. Allez. Un mauvais moment à passer. Il se répétait ces quelques petites phrases en boucle tout en pénétrant dans la boutique, la porte tenue ouverte et le sourire enjoué de son guide pour l’encourager.

C’était toujours le même scénario. D’abord rien. Et Dariel espérait que cette fois rien d’étrange ne se produirait, que peut-être l’endroit ne tombait pas sous la coupe de ce “don” comme certains fanatiques appelaient cette abomination. Et puis passée les quelques secondes à y croire sa vision se floutait légèrement pour revenir à la normale. Selon tous un tas de facteurs qu’il ne comprenait pas encore parfaitement, Dariel pouvait voir ou ressentir des tas de choses très différentes. Cette fois il n’y avait pas de vision parfaitement claire. Plutôt des contours très flous et des couleurs mélangées et étalées sur une toile invisible. Puis il y eut des mots, certains à peine plus audibles que si on les lui avait murmuré au loin, d’autres si forts qu’il se crispa comme si on venait de lui crier dans l’oreille. Rien ne faisait sens jusqu’à ce qu’un souvenir en particulier se décroche des autres.

***
“.... pas croire que …”
“J’le tiens pour sûr ! Ca lèche le cul à Jupiter ! Infiltrés chez nous j’te dis !”
“T’es vraiment sûr de toi Jo ?”
“J’mentirais pas sur ça Sandy.”


Aux mots se collèrent, gluants, des grappes de sentiments. Ca avait le goût de l’amertume et de la colère et de la tristesse aussi. Et bientôt ça empestait toute la pièce et se collait sur Dariel. Ils lui nouèrent la gorge.

“Je les prenais pour des gens biens. Pour des vrais …Ah … Faut s’en occuper alors.”
“On procède comment ?”
“Emmène-les dans le désert.”
“Et les gosses ? C’est comment d’jà ? Michel et Joëlle ?”
“Micah et Judith. Elle est grande elle saura s’occuper de son frère. Et puis j’veillerai sur eux. Ils y sont pour rien si leurs parents c’est des traîtres.”


Et puis une résolution ferme que cette décision était la bonne. La pointe de culpabilité que ressenti Dariel s’envola pour laisser place à ce mensonge que tous se faisaient au moins une fois : je prends la bonne décision, pour le bien de tous.

“Fais ça propre Jo. J’veux plus voir ces connards chez nous. Ils sont morts. Mais personne touche aux gamins.”
***
Tout bascula à nouveau. Les conversations, les couleurs, les contours, les émotions, tout disparut aussi soudainement que c’était arrivé. Ne restait alors que la culpabilité. Elle écrasait tout, imprégnait chaque mur, chaque objet. Ca n’avait duré qu’une fraction de secondes pourtant ça semblait être une éternité pour Dariel. Tout retrouva sa place, monticules de pièces détachées, belle auto en exposition, photos, articles de journaux, vieille musique en fond. Et puis l’odeur du cambouis, de l’huile, les bruits en provenance de l’atelier. La chaleur qu’un vieux ventilo essayait de chasser, en vain. Dariel était de retour au moment présent, dans ce garage. Même la sensation de culpabilité commençait à s’estomper, quoique pas totalement. C’est qu’elle devait être particulièrement forte. Dariel n’avait pas toutes les pièces du puzzle en main mais suffisamment d’éléments pour comprendre ce qui avait pu arriver. Cette femme n’était pas juste une mécanicienne. La peur prit le pas sur tout le reste.

Un peu plus pâle, la bouche sèche, le bout de ses doigts tremblant, Dariel ne parvint même plus à conjurer son sourire de commercial, celui avenant et tranquille qu’il arborait presque tout le temps. Il voulait fuir. Fuir loin de ces gens. Lui il n’était pas un révolutionnaire, ni membre d’un gang, ni rien du tout. Lui il vivait une petite vie bien tranquille loin de tous ces grands complots et enjeux de BlissTown. Son seul ennemi était agent immobilier, et non pas un quelconque serial killer sous couvert de gentil épicier du coin de la rue. Il ne vivait rien de plus dangereux que de faire face à la marée humaine des jours de soldes. Tout ça, ça ne le concernait pas. Jamais, ô grand jamais, il ne voulait voir son nom associé aux faits divers qui, parfois, défrayaient les gros titres des journaux télévisés. Jamais une incartade. Jamais une infraction à la loi. A part cette contravention pour outrage à agent, mais vraiment l’affaire avait été largement exagérée.

“- Votre amie a l’air occupée. Tant pis. Je vais me …”


Débrouiller tout seul. Voilà ce qu’il voulait dire. Mais il n’en n’eut pas le temps. La voix d’une femme retentit au loin et Dariel frissonna de peur et se crispa. La même voix que dans ce souvenir. Pas d’erreur possible. Cette Sandy, c’était elle. Il voulait partir. Tout de suite ! A la place il resta là, figé, à dévisager celle qui arrivait, conscient que ça ne se faisait pas. Il devait redevenir normal. Vite. Mais ses yeux hurlaient “je sais ce que vous avez fait”. Dariel se força à regarder ailleurs. Là ! Une clé à molette. Parfait.Mieux valait passer pour un mec bizarre, un abruti, plutôt que quelqu’un ayant connaissance d’un secret qui l’enverrait rejoindre ces malheureux dans les sables du désert.
Frederick Byracka
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Starcadia
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Chef pâtissier
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La vie est moins amère avec un petit morceau de sucre.
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Biographie :
Ancien patron des "Délices du Bliss", connu pour ses pâtisseries aussi divines qu'onéreuses, Frederick avait pour habitude de vivre dans l'opulence. Se considérant comme génie culinaire et visionnaire dans son domaine, il vivait pour son Art.

Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
Frederick Byracka
https://blisstown.forumactif.com/t125-recettes-de-famille#231
https://blisstown.forumactif.com/t126-delices_du_bliss#235

Sandy Wilkinson ne connaissait qu’une seule personne au village qui se serait permis d’entrer sans autorisation explicite de sa part après avoir toqué à sa porte. Elle avait beau en avoir parlé plusieurs fois avec Frederick (évoquant la dangerosité potentielle du matériel sur lequel il pourrait tomber, et évitant soigneusement les véritables raisons de ses consignes), ce dernier persistait à traiter son commerce comme n’importe quelle boutique de BlissTown. Tant que la porte était ouverte, il pouvait rentrer. Et c’est en général ce qu’il faisait.

La mécanicienne soupira lourdement en se dirigeant vers son établi. Elle attendait le jour fatidique où le pâtissier entrera dans son bureau, ne l’ayant pas trouvé dans son établi, et fera la connaissance d’une facette de sa personnalité qu’il ignorait. Bienheureux l’innocent, comme disait le proverbe. Ou dans le cas de Frederick, l’inconscient.




Elle se souvenait encore de la venue du Townie, il y a six mois. Elle avait été prévenue par l’un de ses contacts qu’une voiture tenant plus du véhicule de plaisance que d’un bolide capable de supporter les conditions extrêmes de la Stone Belt, approchait leur localité avec une roulotte flambant neuve, peinant à traverser les zones sablonneuses. Clairement, le véhicule était conduit par un amateur et n’allait pas tarder à s’enliser. Une belle opportunité pour la mécanicienne qui allait pouvoir récupérer de précieux composants après s’être occupé du gêneur.

Mais, comme Sandy allait très rapidement pouvoir s’en rendre compte, rien ne se passait comme prévu quand il s’agissait de Frederick. L’homme, qui avait fini par quitter sa voiture qui refusait d’avancer ne serait-ce qu’un millimètre de plus, avait rejoint le village à pieds et était entré sans frapper dans son garage. Elle s’était apprêté à le renvoyer en ville, à pieds s’il le fallait, mais avait renoncé à le chopper par le col en l’examinant de plus près.

A l’époque, sa peau mate avait été brûlée par le soleil : comme beaucoup de Townies, il n’avait pas pensé à mettre de la crème solaire en quittant la ville et s’était cru protégé des dangers du soleil à l’intérieur de son véhicule, complètement inconscient du fait que les vitres non traitées agissaient comme un amplificateur pour les rayons qui ne pardonnent pas. Pourtant, ce n’est pas la rougeur inquiétante de sa peau qui l’avait motivée à écouter ce qu’il avait à dire, mais ses yeux hagards, surmontant des pommettes émaciées. Ce regard, elle ne le connaissait que trop bien : c’était celui d’un fugitif.

Elle avait reconnu en lui une bête traquée, un Townie tombé en désamour avec la ville qu’il adorait plus que tout, et qui prenait la nouvelle aussi bien que n’importe quel fumeur accro se retrouvant à court de nicotine du jour au lendemain. L’un des leurs, à n’en pas douter, même s’il n’avait pas la moindre once de révolte en lui -ça viendrait, avec le temps; la mécanicienne en était persuadée-.

Il ne lui avait jamais clairement expliqué la raison de son exil, gardant la nature de son altération aussi précieusement que ses recettes, et la mécanicienne ne s’était pas attardée sur la question. Ici, tout le monde avait quelque-chose à cacher ou à se reprocher. Beaucoup se trouvaient dans les deux situations, Sandy la première.

• ················· • ················· •

La révolutionnaire avait grandi parmi les Hounds. Son altération en avait fait rire plus d’un dans sa jeunesse et elle s’était vu affublé le surnom de Magnet, à cause de sa tendance à rester scotchée à tout type de métal ferromagnétique (voire à les attirer à elle). En grandissant, son contrôle sur le métal en général s’était affiné, et elle avait pris part à de nombreuses missions contre les oppresseurs de Jupiter, se servant de son pouvoir pour faire pencher la balance du côté des Hounds lorsque affronter Jupiter de front devenait trop risqué. Une arme enrayée pouvait si simplement changer la donne.

Jonglant entre son travail et ses convictions profondes, elle s’était cru invincible. Elle avait fini par commettre une erreur stupide, se retrouvant incarcérée et condamnée à la Severance pour une peine maximale de quinze ans. Ses crimes étant si intimement liés à son passé chez les Hounds, elle oublia tout de son ancienne vie, mais se sentait encore poussée par ce profond besoin de Justice. Son cerveau en bouilli réinterpréta ce ressenti comme un besoin de rejoindre les rangs de Jupiter. Il n’en fallut pas plus pour qu’elle s’associe à ceux qu’elle avait juré de détruire.

Son altération en fit un excellent agent des forces spéciales, et elle œuvra plus de dix ans au sein de Jupiter, avant de tomber sur un groupe de Hounds déterminé à la faire prisonnière, mené par une femme aux yeux verts que Sandy aurait juré avoir déjà vu dans ses cauchemars.

Ils la trainèrent à l’extérieur de la ville, sans doute pour empêcher le Bliss de lui venir en aide, certainement pour l’exécuter sans risque d’être gênés. Désarmée et convaincue que c’était fini pour elle, Sandy se résigna à son sort. Elle ne ferma pas les yeux lorsque la Hound à la tête de la meute, qui devait être à peine plus âgée qu’elle, l’attrapa par le col. Si elle devait mourir, ce serait en affrontant le regard plein de hargne de la Hound enragée.

“Réveille-toi, merde ! Tu m’entends ?!”, lui avait-elle aboyé avant de la secouer violemment, des larmes au coin des yeux, “Putain Magnet, me force pas à faire ça.”
“Aline…?”


• ················· • ················· •

Sandy cligna des yeux et chassa les souvenirs qui s’étaient invités dans son esprit comme ils avaient souvent l’habitude de le faire aux moments les moins opportuns. Rabattant une mèche châtain derrière son oreille, elle se dirigea vers l’entrée de son échoppe, et arqua un sourcil en y trouvant celui qu’elle s’attendait à voir… accompagné d’un grand gaillard qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Comptez sur Frederick pour lui rapporter toutes les âmes égarées des environs. A croire que le pâtissier avait un don pour attirer tout le monde, et surtout n’importe qui, jusqu’à leur petit village aux confins de la Stone Belt.

- Qu’est-ce que tu m'emmènes cette fois, le mitron ? demanda-t-elle en zyeutant l’homme figé devant une caisse à outils.
- Désolé de te déranger. Je te présente Dariel !, répondit Frederick avec un sourire familier qui pouvait laisser penser qu’ils se connaissaient de longue date, mais qui signifiait sans doute juste que le pâtissier était de bonne humeur, Il doit retourner en ville, mais son moyen de transport est…

Le pâtissier gesticula maladroitement, semblant vaguement indiquer quelque chose qui serait tombé en miettes. Sandy se garda de tout commentaire et laissa Frederick poursuivre. Il excellait en cuisine, mais c’était un piètre mime.

- Je me demandais si tu pouvais me prêter une voiture pour le raccompagner en ville. Je te revaudrai ça !

La mécanicienne soupira et s’essuya les mains sur son pantalon, le recouvrant au passage de cambouis. Elle jeta un regard à l’inconnu, toujours occupé à inspecter ses outils de travail, et reporta son attention sur le visage souriant de Frederick. Il avait vraiment de la chance qu’ils l'apprécient autant, au village.

- P’t’être bien. Et il peut me dire ce qu’il fiche ici, ton copain ?
- Tu vas rire, c’est une drôle d’histoire–
- J’en doute pas, le coupa-t-elle, Mais j’aimerais bien l’entendre de la bouche de grand, brun et ténébreux, si ça te dérange pas.

Frederick roula des yeux, mais laissa la parole à l’égaré.
Dariel Vaughan
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L'humain est le fils du milieu, il possède une grande soeur et une petite soeur mais jusqu'ici je n'ai rencontré que lui en tant que représentant mâle de sa famille.
Une sombre histoire de prénom est au coeur des affaires familiales. Je ne comprends pas pourquoi. Dariel c'est joli pour un humain.

Je le tolère dans ma superbe demeure avec vue. C'est un bon colocataire, gentil et généreux. Il ne tolère aucune visite, aussi mon auguste personne n'est-elle jamais dérangée.

- pensées de Charlotte

L'humain part souvent pour son travail. Il vend des arbres à chat et des caisses à d'autres humains je crois. Avec bac à litière inclus !
- pensées de Charlotte

Notre vie est très tranquille. Il ne se passe jamais rien et ça me plaît ! Mais parfois, quand l'humain rentre, il ne se sent pas bien. Il est tout paniqué ou triste. Alors je le rassure par quelques ronrons. Et il m'aime encore plus.
- pensées de Charlotte



Dariel Vaughan
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Clé à molette. Féminin. Désigne une clé pourvue d’une molette qui … Qui … Qui sert à … oui le machin, pis à régler le, le bidule et … Et non il n’écoutait pas la conversation. Non. Non non non. Et puis il avait envie de la prendre dans la main. Ca pesait lourd ? Ce serait mal vu de jouer avec les outils d’une professionnelle sans y avoir été invité avant. Surtout quand la professionnelle tue des gens sur son temps libre. Dariel chassa très vite cette pensée de son esprit. Il devait faire comme s’il ne savait rien. Allez ! C’était comme mentir à un client. Enfin, pas vraiment mentir. Mais ce genre de petites phrases pas totalement honnêtes. “Petite ? La pièce de vie ? Noooon. C’est douillet.” Oui, c’est petit. “Ah le quartier est animé c’est certain”, signifiait : “tes voisins vont mettre la musique fort tous les soirs, laisser hurler leurs gosses et rayer ta voiture, et t’auras beau te plaindre à la copro personne bougera son petit doigt.” Ou encore le très célèbre : “Ecoutez on va retenir les frais de peinture sur votre caution au vu des dégradations”, traduction de : ”on va te la ponctionner en entier la caution, pour cette pauvre tache d’humidité dont on est entièrement responsable pour pas avoir refait l’isolation, et en plus on ne le mettra même pas le coup de peinture pour les prochains locataires.” Dariel savait faire ça. Il ne recourrait jamais à ces mensonges car il avait la chance de travailler dans le luxe aujourd’hui. Mais fut un temps, une époque lointaine dont il n’aimait pas se souvenir, où il avait manié ces quelques phrases avec la dextérité et le talent d’un escrimeur de niveau olympique. Alors il plaqua un sourire sur son visage.

Il suivit l’échange, se voulant aussi poli que possible, et puis cligna des yeux plusieurs fois, lapinou hagard pris dans les feux d’une voiture, lorsque Sandy évoqua un “grand brun ténébreux”. Dariel regarda même derrière lui, au cas où un autre client serait entré. Mais non. Personne. Alors seulement il envisagea la possibilité que le “grand brun ténébreux” ne soit nul autre que lui. Il se désigna de l’index, un “moi ?” silencieux sur les lèvres. Comme pour en avoir la confirmation il lança un regard un peu désespéré à son guide. C’était lui le grand brun ténébreux dans cette pièce, certainement pas Dariel. Mais puisque ça ne faisait pas vraiment sens avec le reste de la discussion, il fut bien obligé d’admettre que la mécanicienne le visait lui, modeste agent immobilier. C’était bien la première fois qu’on le décrivait de la sorte. Un peu gêné, et toujours hanté par le souvenir, Dariel eut un peu de mal à retrouver une contenance et un air naturel. Heureusement penser à Tu-Sais-Qui lui permit de s’accrocher à quelque chose de plus concret qu’un potentiel assassinat, à savoir : l’arnaque dont il avait été victime !

“- Eh bien, c’est un peu gênant comme histoire. Mon associé m’a informé que monsieur Byracka souhaitait vendre son commerce. Et comme il est difficile à joindre,” et Dariel coula un regard à Frédérick, le sourire toujours vissé aux lèvres, “je suis venu le trouver en personne. Mais il s’avère que j’ai été berné par un rival. Cette personne a profité de mon absence pour me voler une vente.”

En très résumé, sans entrer dans les détails, car il doutait que la mécanicienne s’intéresse aux rocambolesques aventures d’un agent immobilier en terres sauvages. Ca ferait un bon titre pour ses mémoires tiens, lorsque le temps viendra.

“- Mon portable ne capte pas. Et à mon arrivée aucun taxi ne voulait me déposer jusqu’ici. Alors même s’il fonctionnait, je doute qu’on veuille venir me chercher.”

Parce que ce village faisait peur. Ses habitants faisaient peur. Le désert faisait peur. Tout faisait peur ! Et Dariel comprenait. Plus jamais. Jamais. JA-MAIS il ne mettrait un orteil dans ce fichu désert.

“- Monsieur Byracka m’a assuré que vous pourriez m’aider. J’ai de quoi payer bien sûr”, s'empressa-t-il d’ajouter.

Ça se voyait de toute façon à ses vêtements de marques, ses chaussures, et à son allure en général. Pas le genre de pokemon qu’on voyait traîner par ici.

“- Et au pire, je suis certain que monsieur Byracka acceptera de me raccompagner en ville et de vous rapporter la voiture.”

A nouveau un regard et un sourire au concerné. C’était un peu petit que de se servir du pâtisser comme bouclier, mais si ça pouvait lui épargner des ennuis alors soit. En plus les habitants semblaient beaucoup l’apprécier. La mamie et le gamin croisés plus tôt en tous cas. Ce qui faisait un total de … deux personnes. Eh, pas mal !
Frederick Byracka
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Ancien patron des "Délices du Bliss", connu pour ses pâtisseries aussi divines qu'onéreuses, Frederick avait pour habitude de vivre dans l'opulence. Se considérant comme génie culinaire et visionnaire dans son domaine, il vivait pour son Art.

Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
Frederick Byracka
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Au fur et à mesure que Dariel expliquait la raison de sa présence ici, le visage de Sandy se dérida légèrement, et sa posture rigide se détendit. Ses yeux étaient toujours plissés, rendant sa ride du lion encore plus prononcée qu’elle l’était dans les bons jours (Sandy fronçait souvent les sourcils, que ce soit face au soleil, ou devant une moto récalcitrante, qui refusait de lui révéler ses secrets). Frederick resta sagement silencieux, observant l’échange sans intervenir bien que ça le démangeait de le faire.

En voyant la mécanicienne décroiser les bras, il su que l’agent immobilier avait réussi à la convaincre de son histoire. Sandy était du genre à prendre tout ce qu’on lui racontait avec des pincettes, mais même elle, dans son infinie méfiance, devait sans doute se dire que l’histoire de Dariel était trop absurde pour que qui que ce soit puisse l’inventer de toutes pièces.

Le regard de Frederick passa de Sandy à Dariel lorsque ce dernier parla de lui, et il veilla à ne pas grimacer en l’entendant évoquer une compensation financière. Il avait espéré que la mécanicienne leur prête main forte de bonté de cœur; elle l’aurait peut-être fait… mais maintenant que Dariel avait parlé d’agent ? C’était fini. Pour toute la compassion dont elle était capable dans ses bons jours, Sandy était un véritable requin dès qu’on évoquait les affaires. Et comme les grands squales elle sentait l’odeur du sang (ou plutôt, du dollar) de loin.

Elle capta son regard lorsque Dariel lui assura qu’il pouvait le raccompagner, et Frederick jura la voir commencer un calcul rapide en s’aidant du bout de ses doigts pour les retenues et les additions. Si ça ne tenait qu’à elle, à en croire son petit sourire triomphant, elle accepterait l’offre du Townie embêté avec joie et lui céderai pour la peine un vieux tas de taule à prix d'or, un allé sans retour vers la mégapole.

A la place de conclure un accord ici et là, elle fait un petit geste du menton dans sa direction, comme pour lui demander confirmation. Ses lèvres étaient pincées.
Frederick lui sourit, se voulant rassurant. Il savait que la mécanicienne n’aimait pas voir qui que ce soit partir vers la mégapole, et jusqu’à quelques semaines de celà, il n’avait pas comprit son appréhension. Il s’était rendu à BoulderTown pour ses repérages habituels, planifiant ses prochains stocks en fonction de ce que le Walmart avait en vente comme il l’avait fait tant de fois avant ça. Une mission éclair, à plein une demi-journée, le temps de tout prendre en note et de confier sa liste de course au premier coursier disponible.

Seulement, cette fois, il s’était surpris à remonter jusqu’à Providence Park et à flâner dans les allées entretenues qui sentaient bon le pin et le chèvrefeuille, une sensation de bienêtre l’invitant à rester quelques heures de plus, juste le temps d’une pause bien méritée dans sa vie d’exil. Ce petit détour champêtre avait duré jusqu’à la nuit tombée, et seule la faim l’avait motivé à tourner les talons.

La faim, et la peur viscérale qu’il ressentit lorsqu’il s’entendit penser qu’il pouvait toujours laisser tomber sa passion et vivre de plats tout préparés. Que se nourrir de boîtes de raviolis froids, ce n’était pas la mort, et certainement préférable à l’existence pénible qu’il s’infligeait. Jusqu’à cet incident, Frederick n’avait pas compris ce que Sandy voulait dire lorsqu’elle parlait de l’influence de la ville et du danger dans lequel il se mettait à trop vouloir y faire des crochets. Mais maintenant qu’il était au courant, il n’avait pas à s’en faire, pas vrai…?

Il hocha a la tête pour confirmer les dires de Dariel et se tourna vers Sandy, essayant de faire en sorte d’avoir l’air enthousiaste à l’idée de faire un crochet à BlissTown (mais pas trop) et de ne pas avoir l’air nerveux à l’idée d’y mettre les pieds (mais un peu quand même). Il faisait un piètre mime, mais il était à peu près sûr de ses talents d’acteur.

- Tout à fait. On peut faire ça ! confirma-t-il, le ton léger.

Sandy l’observa juste assez longtemps pour que son regard soit plus qu’une formalité, et enfin, elle hocha la tête en retour.

- Très bien. Si tu es sûr de toi, monsieur Byracka, commença-t-elle sur un ton légèrement pincé, comme à chaque fois qu’elle faisait référence à son patronyme, J’vais t’prêter d’quoi raccompagner Monopoly chez lui.

Elle sourit en coin et s’adressa directement à l’infortuné qu’elle avait affublé d’un surnom thématique, comme à son habitude. Elle leva la main, son index pointé droit sur Dariel.

- A une condition. Tu t’charges de faire le plein une fois en ville. Ça fait longtemps que mon bébé n’a plus été nourri au premium; son moteur mérite bien ça.

Un doux sourire avait fleuri sur son visage, comme à chaque fois qu’elle parlait de l’un de ses véhicules, et une fois la condition explicite acceptée (l’implicite étant que s’il arrivait quoi que ce soit à sa précieuse voiture, Sandy se chargerait elle-même de leur passer un savon digne de ce nom), elle les invita à la suivre à l’extérieur.

Elle s’arrêta devant un 4x4 garé à l’ombre du garage. Le véhicule couleur crème avait clairement vécu, ayant perdu de son éclat et de sa superbe au fil des ans, mais si Frederick pouvait bien être sûr d’une chose, c’est que s’il ouvrait le capot de l’engin, il pourrait contempler ses entrailles qui avaient fait peau neuve. Sandy n’était pas orgueilleuse, mais elle avait de quoi être fière de son travail.

- Alors, vous en pensez quoi ?

Elle tapota affectueusement la carrosserie et soupira devant la réaction à peine enthousiaste du duo. L’adolescence de Frederick s’en est allé il y a plus d’une décennie, et avec elle, sa passion dévorante pour les grosses voitures et les motos qui faisaient du bruit.
La mécanicienne tendit les clés à Frederick, fermant le poing pour les conserver dans sa main un instant de plus lorsque le pâtissier fit mine de les attraper.

- Je n’ai pas besoin de vous dire d’en prendre soin, n’est-ce pas, les garçons ?

Frederick opina de la tête sérieusement. Il était aussi attaché à sa batterie de cuisine que Sandy à ses enfants de métal; entre passionnés, ils se comprenaient.
Elle accepta finalement de lui céder les clés, et leur souhaita bon voyage, se dirigeant vers son atelier sans un mot de plus. Ses indications étaient claires; elle n’avait pas besoin de les chaperonner plus longtemps.

Frederick marqua un temps de pause, tournant la clé entre ses doigts et semblant réfléchir à quelque chose avant d’arriver à une conclusion et d’offrir un sourire désolé à Dariel.

- Ça vous dérange de faire un saut chez moi avant d’y aller ? La route est longue. Je préfère emporter un peu d’eau, et de quoi grignoter.

Inutile de préciser à Dariel qu’il n’avait rien mangé depuis le matin même, trop occupé par la préparation de ses livraisons pour petit-déjeuner. Il grimaça en gesticulant vaguement en direction de la glacière de fortune qu’il trimballait encore avec lui. Elle commençait à détremper légèrement sous la chaleur. Mouais. Pas sûr que Sandy apprécie qu’il l’embarque avec eux dans son précieux 4x4. Il avait tout intérêt à déposer la glacière chez lui avant d’y aller.

Enfin, si Dariel n’y voyait pas d’inconvénient. Après tout, si lui avait choisi l’exil, l’agent immobilier n’était peut-être pas ravi à l’idée de faire durer sa visite.
Dariel Vaughan
Townie
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Âge :
33 ans
Origine :
Blisstown
Métier :
Agent immobilier
Surnom :
Dany
Citation :
Je vous fait visiter ?
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Disponible
Biographie :
L'humain est le fils du milieu, il possède une grande soeur et une petite soeur mais jusqu'ici je n'ai rencontré que lui en tant que représentant mâle de sa famille.
Une sombre histoire de prénom est au coeur des affaires familiales. Je ne comprends pas pourquoi. Dariel c'est joli pour un humain.

Je le tolère dans ma superbe demeure avec vue. C'est un bon colocataire, gentil et généreux. Il ne tolère aucune visite, aussi mon auguste personne n'est-elle jamais dérangée.

- pensées de Charlotte

L'humain part souvent pour son travail. Il vend des arbres à chat et des caisses à d'autres humains je crois. Avec bac à litière inclus !
- pensées de Charlotte

Notre vie est très tranquille. Il ne se passe jamais rien et ça me plaît ! Mais parfois, quand l'humain rentre, il ne se sent pas bien. Il est tout paniqué ou triste. Alors je le rassure par quelques ronrons. Et il m'aime encore plus.
- pensées de Charlotte



Dariel Vaughan
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Sur bien des aspects Dariel ne correspondait pas aux clichés que l’on se faisait des agents immobiliers. D’ailleurs, s’il n’avait lui-même exercé ce métier, il se serait très certainement fait rouler plus d’une fois. Le fait de clamer haut et fort avoir les moyens de payer avant même qu’on ne lui demande de présenter une carte de crédit était en soit une preuve de bêtise. Dans son cas, une preuve de sa frayeur intense. Il aurait pu abandonner là sa montre, son portable, sa carte bleue avec son code et même son pantalon et sa chemise, du moment qu’on le laissait rentrer chez lui. Alors il n’avait pas réfléchi. Parfois, dans la panique, on ne réfléchit pas toujours. Mais pour sûr : jamais plus il ne remettrait un pied dans cet endroit.

Aussi lorsque, enfin, Sandy accepta de lui venir en aide, il faillit littéralement sauter de joie. Il ne feignit absolument pas son sourire, ni le soupir de soulagement qui décontracta ses épaules et son dos trop tendus. Un tour au spa lui ferait le plus grand bien. Plus tard dans la semaine. S’il rentrait. Car ce n’était pas encore joué cette histoire.
Les yeux de Dariel n’étincelèrent pas face au véhicule dont, à l’évidence, la mécanicienne était très fière. Il s’attendait à quoi franchement ? Au tout dernier modèle de Bentley ? Bah ! Du moment que l’engin roulait, sans tomber en panne, et le menait à destination, Dariel n’en demandait pas plus. Et comme elle leur souhaitait bon voyage tout en leur rappelant d’être des enfants sages, l’agent immobilier grimaça un peu. Dariel, huit ans, prêt à partir vers l’infini et au-delà avec son ami le cow-boy. Parfait. Vraiment.

“- Il vaut mieux que vous soyez le conducteur”, glissa-t-il une fois Sandy éloignée.

Pas qu’il ne sache pas conduire, loin de là. Mais s’il arrivait malheur à la voiture il préférait que ce soit Frédérick qui en porte la responsabilité. Lui au moins était apprécié en ces terres hostiles. Dariel en revanche craignait de finir ligoté à un bûcher, offert en sacrifice à une quelconque divinité païenne. Encore une fois il secoua la tête pour chasser les histoires rocambolesques de sa grand-mère. Et évidemment il hocha poliment la tête à la demande de son guide. Il n’irait pas dire non. Même si ça voulait dire rester ici encore un peu.

“- Je vous suis.”

Au moins, ils ne mourraient pas de soif. Et à l’évocation de nourriture, son ventre se mit à gargouiller. Dariel rit, un peu gêné parce que ce n’était pas poli. Mais c’était un bon moyen de ne plus penser à ce qu’il avait vu au garage.

“- Je vous suis vraiment reconnaissant de tout ce que vous faites pour moi. Vous auriez pu simplement me laisser me débrouiller.”

Et sûrement que bon nombre de personne aurait choisi cette option plutôt que de perdre une demie-journée à aider un imbécile. Parce qu’il avait tout l’air d’un imbécile, la peau un brin rougie par endroit, les cheveux collés par la sueur sur sa nuque et son front, et puis l’air totalement perdu qu’il n’arrivait même plus à masquer.

“- Je ne sais pas trop comment vous remercier. Alors, ça vous dirait un restaurant ? N’importe lequel c’est moi qui offre. Ou autre chose. N’importe quoi qui vous ferait plaisir.”

Grand sourire aux lèvres, comme toujours, mais cette fois sincère. Cet homme lui avait tendu la main sans rien demander en retour, et allait même jusqu’à l’aider à attraper Tu-Sais-Qui. Un restaurant ne serait pas assez. Journée shopping, soirée au spa, nuit dans un hôtel de luxe, virée en hélicoptère, Dariel dirait oui à tout. Sa vie valait bien plus que ces maigres cadeaux. Oui car à l’entendre il venait d’échapper à une mort atroce, digne d’une série de gangsters, non il n’exagérait pas. Enfin certain que le pire était évité, Dariel souffla un peu trop fort, mais tout heureux. Il allait revoir Charlotte ! Sa douce, sa bien-aimée, sa tendre Charlotte. Elle ne finirait pas orpheline, chaton abandonné. Et pour ça aussi, son sauveur méritait un cadeau digne de ce nom.

“- Dites-moi, si ce n’est pas indiscret, qu’avez-vous l’intention de faire de votre commerce ? Vous ne semblez pas vouloir retourner en ville. Et la vie ici n’a pas l’air facile. Le vendre ne vous aiderait pas à vous en sortir ?

Dariel n’avait pas lu la presse à scandale. Il ne connaissait rien, ou presque, de la situation de Frédérick, du comment du pourquoi il s’était retrouvé là, loin de tout.

“- Vous n’êtes pas obligé de répondre si vous n’avez pas envie. C’est juste que c’est étonnant de voir un homme aussi talentueux ici.”

Il embrassa les alentours du regard. De la poussière. De la taule froissée. Des maisons un peu branlantes, refaites avec les matériaux trouvés. Et encore de la poussière. Ca ne vendait pas du rêve. Personne ne venait vivre ici par envie.

“- Enfin d’après ce que je sais, vos créations s’arrachaient ! Je n’y ai jamais goûté personnellement, mais mon associé a vanté je ne sais combien de fois la qualité de vos puits d’amour et de vos tartelettes.”

Surtout sa femme en vérité. Chaque fois qu’il la trompait il lui offrait des puits d’amour. Ironiquement, cette pâtisserie était devenue la préférée de l’épouse d’Oliver sans qu’elle ne connaisse la triste raison derrière. Dariel s’efforçait de ne jamais se montrer indiscret avec ses clients, ou potentiels clients, ou même non clients. Mais là, il devait bien l’admettre, ça l’intriguait qu’un homme comme Frédérick se retrouve en exil. “Et si c’était un criminel ? Un tueur en série ! Le pâtissier démoniaque !” Non ! Non, non, non ! Ne pas penser à ça. Même s’ils se rendaient chez ledit pâtissier. Que Dariel était seul. Sans témoin autour. Et si … Non. Mais quand même. Et si ?
Frederick Byracka
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Âge :
30 ans
Origine :
Starcadia
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Chef pâtissier
Citation :

La vie est moins amère avec un petit morceau de sucre.
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Biographie :
Ancien patron des "Délices du Bliss", connu pour ses pâtisseries aussi divines qu'onéreuses, Frederick avait pour habitude de vivre dans l'opulence. Se considérant comme génie culinaire et visionnaire dans son domaine, il vivait pour son Art.

Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
Frederick Byracka
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Un hochement de tête approbateur de la part de l’agent immobilier, et Frederick empocha les clés du cruiser pour prendre la direction de son petit chez-lui. Heureusement pour eux, sa roulotte était stationnée à quelques rues à peine, au fond de ce qui s’apparentait à un parking improvisé gardant l’entrée du village. Le paysage était en continuelle évolution, changeant avec les allées et venues des exilés qui préféraient une vie nomade (ou qui y étaient forcés) et de leurs caravanes. Seuls quelques véhicules avaient pris racine aux abords du village, donc la roulotte du pâtissier, garée à l’ombre d’un amas rocheux.

Le trajet n’était pas bien long, mais ça n’empêcha pas Dariel de lui faire la conversation, le remerciant platement pour son coup de main qui n’avait rien d’exceptionnel, en tout cas pas ici. Les exilés avaient beau faire preuve d’une méfiance maladive envers les personnes extérieures, ils cultivaient l’entraide entre les membres de leur communauté. Tout avait un prix, bien sûr, mais le dollar n’était pas forcément maître des transactions. Quant à savoir ce que Frederick pouvait bien avoir à gagner à empêcher un Townie à sa recherche de finir coincé dans leur beau village… Eh bien, sans doute rien de plus qu’une forme de tranquillité d’esprit. Et vu les derniers mois qu’il avait traversés, un peu de tranquillité d’esprit valait bien tout l’or du monde.

-    Mon occupation nécessite de toute façon que je fasse régulièrement des crochets par BlissTown. C’est pas un problème, vraiment.

L’agent immobilier, avec toute l’aisance d’un homme pour lequel la communication était au centre de son métier, ne se laissa pas démonter par l’incapacité de Frederick à recevoir un remerciement sincère. Au contraire, il sembla prendre sa nonchalance pour un challenge et, sourire aux lèvres, insista pour repayer la courtoisie du pâtissier en… l’invitant au restaurant ?

Pris de court par la proposition, Frederick cligna des yeux derrière ses lunettes de soleil. Quelque-chose lui disait que le commercial ne devait pas avoir en tête le même genre de restaurant auquel il pensait instinctivement. Il essaya de s’imaginer un instant Dariel, costume de marque et chaussures cirées, installé au fond du restaurant mexicain préféré de Frederick (celui dans lequel il avait fêté l’ouverture de sa boutique en très petit comité, qui faisait l’angle entre la troisième et la quatrième avenue de BoulderTown, et dont le tabac avait imprégné les murs depuis bien longtemps), en train de se dépatouiller avec des tamales. La vision était étrangement comique.

Il ferait mieux de refuser. Sa vie était déjà assez compliquée pour qu’il s’amuse à traîner à BlissTown plus que ça n’était strictement nécessaire. Les exilés n’avaient pas pour habitude de faire des virées dans les beaux quartiers pour profiter des commodités avant de retourner à leur petite vie de renégats. C’était complètement idiot. Après tout, il ne connaissait Dariel ni d’Adam ni d’Ève; leurs chemins s’étant croisés uniquement à cause des pratiques déloyales et presque malveillantes d’un agent immobilier véreux, et rien ne les amènerait à se croiser à nouveau. A moins que Frederick ne décide de vendre sa boutique, évidemment.

Croiser quelqu’un comme Dariel, quelqu’un qui vivait une vie rangée et sans histoire, ça le rendait nostalgique d’un temps qu’il espérait retrouver un jour prochain. Sa vie avait été simple lorsque ses seules inquiétudes avaient été de savoir si les coques de ses macarons allaient se décoller correctement du tapis de cuisson, et s’il allait avoir assez de blancs d’oeufs pour préparer toutes les meringues qu’on lui avait commandé à dix minutes de la fermeture, pour le lendemain matin. Et dire qu’il avait été stressé à l’époque.

Oh, et puis zut. Il pouvait bien s’accorder une sortie. Ce serait malpoli de refuser.

-    Si ça vous tient à cœur, pourquoi pas, s’entendit-il répondre, Je vous laisse choisir l’adresse.

Frederick n’aspirait pas à une vie d’aventure, mais il avait été contraint d’y adhérer s’il voulait survivre dans ce paysage désolé, et surtout auprès des habitants de ce petit coin de désert. Ses derniers mois avaient été remplis de bien trop d’expériences sordides pour qu’il puisse laisser passer l’occasion de se sentir un minimum normal. Entre son arrivée au village, son intégration progressive dans cette communauté où tout le monde cachait au moins un squelette dans son placard, la rencontre avec la médium qui l’avait propulsé dans un monde où il n’était plus aussi innocent qu’il aurait voulu le croire, puis, il y a peu, sa rencontre avec une soldate des forces spéciales de Jupiter qu’il avait décidé d’assister dans son travail, comme le grand imbécile qu’il était… On lui accordera bien quelques heures de normalité, pas vrai ?

Dariel profita de son silence contemplatif pour lui poser une nouvelle question, de celles que Frederick préférait habituellement éviter. Ne ferait-il pas mieux de vendre sa boutique, vu la vie recluse qu’il menait à présent ? A quoi pouvait bien lui servir une boutique dans les beaux quartiers de BlissTown, s’il souhaitait éviter la ville comme la peste ? Peut-être que, à l’image des papillons de nuit qui confondaient l’éclat des ampoules avec celle de la lune, le pâtissier se berçait d’illusions en espérant un jour reprendre les rênes de son empire.

Se parant d’un sourire commercial que Dariel ne manquerait pas de reconnaître, en usant certainement lui aussi à outrance dans son corps de métier, il plaisanta.

-    Si un jour je suis contraint de vendre, je penserais à vous, c’est promis.

Sa réponse sonnait creux, même à ses oreilles, et il soupira longuement lorsque Dariel évoqua le succès de son entreprise. Sa boutique, c’était la consécration d’un début de vie passé à ronger son frein jusqu’à pouvoir prouver qu’il était tout aussi capable de grandes choses que les chefs pâtissiers qui sortaient des programmes d’excellence de Minerva. Pour rien au monde, ou presque, il ne s’en séparerait.

Il se raccrocha à l’anecdote de Dariel pour éviter de répondre directement à sa question. Comment ça, il n’avait jamais goûté à ses préparations ? Et il voulait quand même acheter sa boutique ? Sans même savoir ce dont il était capable ? Pour peu, Frederick prendrait presque ça comme un affront personnel. Il enleva ses lunettes pour que l’agent immobilier puisse faire face à toute l’intensité du jugement qui avait pris place dans son regard.

-   Et malgré la critique positive de votre ami, vous n’êtes jamais passé à la boutique entre deux visites à Starcadia ? Heureusement que je ne suis pas facile à vexer.

Il disait ça, mais Frederick était incroyablement facile à vexer, surtout quand ça touchait sa passion. En ce qui le concernait, il avait à présent deux missions : raccompagner Dariel et lui faire regretter de n’avoir pas mis les pieds aux Délices du Bliss lorsqu’il était encore ouvert.

Arrivé devant la roulotte, il farfouilla dans ses poches pour en tirer ses clés et invita Dariel à le suivre, mais pas avant de lui poser une question somme toute étrange.

-    Des allergies ? Un fruit que vous détestez ?

Notant les informations dans un coin de son esprit, il abandonna Dariel sur le pas de la porte, l’invitant à rentrer, et bifurqua vers le frigo pour remettre les bouteilles qui lui servaient de pain de glace au frais. Il attrapa au passage deux grandes bouteilles d’eau de son stock à température ambiante. Boire très frais en grande quantité n’était pas très conseillé sous de telles températures; Frederick l’avait appris à ses dépends.

Déposant les bouteilles sur la petite table près de l’entrée, il se dirigea ensuite vers le présentoire qui donnait sur l’extérieur lorsqu’il rabattait un panneau amovible, et considéra un moment ses maigres stocks. La chaleur était l’ennemi numéro un du chocolat; il avait dû très vite se débrouiller pour composer sans ce produit qu’il affectionnait tant. A la place, il avait multiplié les recettes à base de confitures et de compotées de fruits.

Après mûre réflexion, il se lava soigneusement les mains et attrapa une paire de gants pour composer un petit carton de pâtisseries qui faisait sans doute pâle figure en comparaison aux créations qu’il vendait à Starcadia, mais dont il n’était pas moins fier (et au moins, ces pâtisseries là ne risqueraient pas de fondre au soleil sur le trajet du retour). Une part de tarte tatin, alla se glisser à côté d’un chausson aux pommes, lui-même collé à une part de crumble poire-noisette, coincée à côté d’une aumônière aux fruits qui était l’un de ses best sellers. Les pêches qu’elle contenaient étaient flambées au Brandy, et l’association semblait ravir sa clientèle la plus bourrue.

Satisfait de la composition de son carton, il referma la boite avec un petit air satisfait qui s’effaça de son visage lorsqu’il songea qu’il n’allait pas tarder à manquer de gants jetables. La pensée le ramena à la dernière question de Dariel. Ne serait-il pas plus sage de tout plaquer à BlissTown et d’accepter de tourner la page ? Sans doute que si. Avait-il envie d’être sage ? Absolument pas.

-    Je compte bien ouvrir à nouveau ma boutique un jour, dit-il, autant une promesse à lui-même qu’une réponse à la question précédente de Dariel, J’ai juste… Besoin de m’éloigner de BlissTown quelque temps. De comprendre pourquoi j’en suis arrivé là et de me recentrer sur ma passion, vous voyez ?

Ce qui était bien, c’était que son discours pouvait à la fois être celui d’un Townie victime de son altération en quête de réponses, ou d’un trentenaire visionnaire dans le domaine du sucre qui souffrait d’une petite crise existentielle. Il secoua la tête en présentant la boîte à Dariel.

-    Ça doit vous sembler stupide, que je prenne autant à coeur mon métier. Mais c’est ma passion, vous comprenez ?, demanda-t-il avant d’ajouter avec un petit rire, Enfin… J’imagine que vous ne vous êtes pas levé un beau matin avec une passion dévorante pour l’achat et la vente de logements, si ?
Dariel Vaughan
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L'humain est le fils du milieu, il possède une grande soeur et une petite soeur mais jusqu'ici je n'ai rencontré que lui en tant que représentant mâle de sa famille.
Une sombre histoire de prénom est au coeur des affaires familiales. Je ne comprends pas pourquoi. Dariel c'est joli pour un humain.

Je le tolère dans ma superbe demeure avec vue. C'est un bon colocataire, gentil et généreux. Il ne tolère aucune visite, aussi mon auguste personne n'est-elle jamais dérangée.

- pensées de Charlotte

L'humain part souvent pour son travail. Il vend des arbres à chat et des caisses à d'autres humains je crois. Avec bac à litière inclus !
- pensées de Charlotte

Notre vie est très tranquille. Il ne se passe jamais rien et ça me plaît ! Mais parfois, quand l'humain rentre, il ne se sent pas bien. Il est tout paniqué ou triste. Alors je le rassure par quelques ronrons. Et il m'aime encore plus.
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Dariel Vaughan
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Une victoire ! Frédérick acceptait d’aller au restaurant. Mais s’il s’agissait bien d’un pâtissier démoniaque, Dariel invitait clairement son bourreau à passer une ultime soirée en sa compagnie avant de le laisser assouvir ses bas instincts d’ignoble individu. On retrouverait son corps dans une ruelle. Les journaux titreraient : “macabre découverte”, et son histoire ne serait rien de plus qu’un fait divers en page cinq. Ah foutue imagination trop débordante ! Non Frédérick était gentil. Il l’aidait. Donc il était forcément gentil. Hein ? Et puis il n’avait pas une tête de méchant. Dans les films les méchants étaient mal rasés, moches, parfois avec un cache oeil, les dents jaunes ou noires, ils avaient le rire machiavélique facile et du poil au torse qui dépassait de leur chemise. Frédérick, lui, ne ressemblait pas à ça. Lui il était charmant, plutôt séduisant, et le sourire facile. Mais faux. Dariel les reconnaissait ces sourires. Lui aussi s’en servait à longueur de journée. Ces sourires dont on se parait pour faire reculer les questions indiscrètes, pour mettre en confiance ou détourner l’attention. Et rien qu’à cause de lui, Dariel ne pouvait être totalement certain que le gentil pâtissier ne soit pas un criminel. Après tout il vivait en exil. On ne choisissait pas cette vie par envie. A part quelques illuminés contre le système. Mais là, on parlait d’un homme à qui tout réussissait. Et du jour au lendemain dépouillé de tout.

Dariel voulut répondre, la bouche ouverte, prêt à justifier ce faux pas de gourmet par le manque de temps, la queue incroyablement longue chaque fois qu’il passait devant, et son envie de rentrer chez lui après une journée de travail. Mais il n’en n’eut pas le temps. Il cligna plusieurs fois des yeux, pris de court.

“- Je n’ai aucune allergie. Et j’aime tout, sauf ce qui contient de l’alcool.”

L’alcool, sa némésis. Plus il s’en tenait éloigné mieux il se portait. Et avant de comprendre le pourquoi de cette question, Frédérick disparaissait dans son chez lui. Dariel n’avait pas vraiment remarqué qu’ils étaient déjà arrivés, trop plongés dans ses pensées irrationnelles pour faire attention au décor. La caravane venait compléter le profil du tueur en série. Dans les films c’était toujours suspect. Dans les séries encore plus. Le tueur vivait isolé, loin de tout, dans une caravane ou un cabanon. Non, non, non ! Assez ! Dariel marmonna à voix basse contre sa propre bêtise. Il jeta un regard à la maison mobile, à sa porte ouverte devant laquelle il resta figé. Qu’est-ce qu’il verrait s’il entrait ? Et s’il n’entrait pas ? Ce serait impoli ?

“- Je vais vous attendre deh…”

Frédérick avait laissé l’eau sur la table, à l’intérieur. La gorge en feu, les lèvres aussi sèches et craquelées qu’un vieux parchemin, Dariel soupira. Fort. Trop fort peut-être. Allez. Un peu de courage ! Ca ne durerait que quelques instants. Ca ne devrait pas être si …

A peine eut-il posé un pied à l’intérieur de la caravane qu’une violente bouffée de rage le percuta à l’estomac et lui coupa le souffle. Haletant, il s’affala lourdement contre le mur. Les émotions tourbillonnaient, véritable tempête, et lui totalement prisonnier de cette force incontrôlable n’entendait et ne voyait plus rien. Il n’y avait plus que la colère. Elle faisait exploser son rythme cardiaque. Le sang pulsait à chaque battement de coeur, jusque sous son crâne. C’était insupportable. Dariel serra les dents. Ca allait passer. Ne pas se laisser emporter. Ce n’était pas ses émotions à lui. Il le savait. Mais, trop fortes, elles le noyèrent complètement. Tout son corps tremblait. Il était furieux. Fou de rage et de chagrin. C’était injuste ! Tellement injuste ! Pourquoi ça lui tombait dessus ? Il n’avait pas assez galéré dans sa vie ? Il n’avait pas assez souffert ? Non bien sûr que non ! Il fallait que cette foutue merde lui tombe dessus et lui vole tout ce qu’il avait construit, à force de temps de patience et de travail ! Il était honnête lui ! Il ne faisait de mal à personne alors pourquoi ? Pourquoi ça ne pouvait pas tomber sur un connard qui l’avait mérité ? Et puis il détestait cet endroit ! Il détestait cette vie ! Il détestait devoir sourire alors qu’il voulait hurler ! Et pourquoi personne ne comprenait ? Pourquoi personne n’arrivait à voir ce qu’il y avait derrière ce sourire ? Et putain ce qu’il le détestait ce sourire ! Il avait envie de s’arracher les yeux pour ne plus le voir ! Et …

“- ASSEZ !”

Il avait crié, rugi, sa voix portée par la colère, son visage déformé par elle. Son poing percuta le mur en face de lui. La douleur prit le pas lorsque le tourbillon d’émotion reflua. Ca n’avait duré que quelques secondes. Une éternité pour Dariel. Il cherchait son souffle sans réussir à le trouver. Cherchait à démêler ce qui lui appartenait de ce qui n’était pas à lui. Sa main faisait mal. Son bras faisait mal. Tout faisait mal. Il se laissa tomber sur le sol. La vision encore brouillée. L’esprit encore accroché aux dernières bribes de cette colère refoulée, imprégnée dans chaque fibre de la caravane. Elle aurait pu être la sienne. Elle devait certainement ressembler à la sienne.

La douleur à présent plus prégnante le fit grimacer. Il ramena sa main écorchée à lui. Il saignait, mais ne semblait pas s’être cassé quelque chose. En tous cas ses doigts bougeaient. Mais par précaution il irait à l’hôpital une fois rentré. Il n’avait même pas entendu ce que son hôte lui avait dit. Même pas vu la boîte pleine de pâtisseries. Ca ne devait pas se passer comme ça. Vidé, épuisé, Dariel souffla, las. Humilié aussi. Il détestait quand son Altération le mettait dans cet état. C’était rare. D'ordinaire il n’avait droit qu’aux souvenirs. Dariel n’osait même pas lever les yeux vers son hôte. Il fixait un point au loin. Le temps de se calmer encore un peu. Il faudrait fournir une explication. On ne pouvait pas comme ça entrer chez les gens hurler et s’en prendre à leurs biens, passer pour un fou bon à enfermer. Mais Dariel ne trouvait pas comment se justifier. Il n’arrivait pas à invoquer son sourire de commercial, faire comme si de rien n’était, rire en prétendant que le soleil lui avait retourné le cerveau. A la place il souffla encore.

“- Je comprends”, finit-il par dire à voix basse.


Deux mots qui voulaient tout et rien dire à la fois. S’il avait su qu’en venant ici il rencontrerait quelqu’un lui ressemblant autant ! Ts, elle disait quoi sa grand-mère encore ? Un truc sur le destin ? Dariel rit, un rire teinté d’ironie, amer.

“- Désolé. Pour votre mur.” En soit le mur se portait bien. “Auriez-vous quelque chose pour ma main ? S’il-vous-plaît ?”

Enfin il osa poser les yeux sur Frédérick et la boîte qu’il tenait. Un cadeau ? Il ne méritait pas de cadeau. Dariel resta là assis par terre, le dos au mur. Cette fois la colère qu’il ressentait était bien la sienne, et elle se mêlait à la honte, et à la peur qui n’avait de cesse de le suivre depuis le début de la journée. Ses nerfs menaçaient de craquer. Il voulait tellement rentrer chez lui.

“- Ca vous ennuie si je reste un peu ici ? Juste, le temps que ça passe.”

Dariel ferma les yeux. Les souvenirs le fatiguaient moins il n’avait qu’à les regarder. C’était comme un film. Mais il ne ressentait pas les choses aussi fort. Les émotions en revanche, lorsqu’elles se montraient aussi intenses, étaient un calvaire. Elles le prenaient en otage. Littéralement.

“- Je suis désolé. Je n’ai pas de contrôle sur ça. Et je ne voulais pas vous faire peur."

Parce que n’importe qui aurait peur d’un homme capable d’entrer sans raison aucune dans une telle rage. Ironiquement c’était lui à présent qui passait pour un fou, un dangereux psychopathe. Ca aurait pu le faire rire. Mais là, Dariel voulait juste disparaître.
Frederick Byracka
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Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
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L’absence de réponse de Dariel lui fit lever les yeux vers son hôte improvisé. Ce dernier fixait l’entrée avec une appréhension à peine dissimulée, comme s’il avait peur qu’un fantôme lui saute à la figure. Frederick espérait sincèrement que l’agent immobilier n’était pas médium à ses heures perdues, et que le spectre d’un hypothétique client qu’il aurait mené au trépas ne se trouvait pas à ses côtés dans sa petite roulotte à l’heure actuelle. Ça ne serait pas la première fois, mais avouez que deux fois, ça commençait à faire beaucoup.

Gêné d’avoir livré une petite part de sa vérité sans qu’elle ne trouve d’oreille attentive, Frederick s’éclaircit la gorge pour changer de sujet, plutôt que de s’attarder sur le mutisme de Dariel. Détournant les yeux pour se concentrer sur le contenu de son précieux carton, il dévia la conversation sur un nouveau sujet de discussion. A savoir : l’art ancestral du flambage.

-   Je sais que vous avez dit que vous n’aimez pas tout ce qui est à base d’alcool, dit-il aisément, Mais permettez-moi de vous faire changer d’avis. Vous voyez, cette aumônière contient des pêches flambées.

Délicatement il tapota le côté droit de la boite, contre lequel était pressée la petite crêpe feuilletée qui cachait un cœur fondant aux fruits.

-    Vous savez, on pense à tort que les fruits flambés contiennent de l’alcool, mais c’est faux. C’est toute la chimie du met qui change, en réalité. Vraiment, ça n’a rien à voir avec un baba au Rhume classique, qui–

Perdu dans ses explications, comme au bon vieux temps, Frederick ne prêta pas attention au changement soudain dans l’attitude de Dariel. Impliqué dans sa dissertation sur l’art du flambage des fruits, et des alcools qui s’harmosaient le mieux avec tel ou tel type de fruit, il sursauta au cri soudain de l’homme, plus qu’à l’impact de son poing sur le mur de sa pauvre roulotte qui n’avait rien demandé à personne.

Frederick referma la mâchoire aussi sec. D’accord, Dariel avait dit qu’il n’aimait pas l’alcool, mais une telle réaction était un peu excessive… non ? Le pâtissier resta interdit de longues secondes, observant l’homme se laisser glisser au sol et se recroqueviller dos au mur qu’il venait de malmener (ou plutôt, qui venait de le malmener), complètement perdu sur la marche à suivre.

Finalement, après un tel éclat, la voix de Dariel s’éleva une fois de plus. Plus un murmure qu’autre chose. Frederick dû tendre l’oreille pour l’entendre, ce qui ne l’aida pas vraiment à savoir ce qu’il racontait. Dariel disait comprendre… son point de vue sur le futur de sa boutique ? Sa dissertation sur la meilleure façon de flamber un fruit...? Oh et puis ce n’était pas important; pas quand il avait un homme d’habitude bien loquace, affalé sur le plancher de son séjour (qui faisait aussi cuisine, salle à manger et bureau; c’était une roulotte après-tout, pas un mobil-home).

Dariel s’excusa, lui demanda s’il pouvait lui trouver de quoi soigner sa main sanglante avant d’exprimer, penaud, son souhait de rester prostré au sol. Si Frederick le lui autorisait, bien sûr. Ne sachant trop quoi répondre à ce changement brutal dans le comportement du commercial, Frederick hocha bêtement la tête. L’ultime excuse de Dariel, qui s’en voulait visiblement de lui avoir fait peur, le fit enfin réagir.

Avait-il eu peur ? Oui. L’espace d’une fraction de seconde, avant de réaliser que le grand bruit qu’il venait d’entendre n’était pas la détonation d’une grenade, mais juste Dariel, pris d’une envie soudaine de frapper un truc. Évidemment, la démonstration de force avait de quoi étonner, mais de là à avoir peur de l’agent immobilier…

Bien sûr, les apparences pouvaient être trompeuses, mais Frederick refusait de croire qu’il existait quelqu’un capable d’être à la fois un génie du mal et un Townie achetant à prix d’or une carcasse de vélo à un gamin du village. Non, Dariel avait beau avoir l’air imposant avec sa chemise pressée (enfin, Frederick supposait qu’elle l’était en temps normal; là elle était juste froissée et pleine de sable), le pâtissier ne pouvait dire qu’il avait eu peur. Après… il avait passé une après-midi sur les talons d’une soldate d’élite, à remettre sa vie en question et à manquer de la perdre à plusieurs reprises. Ça mettait les choses en perspective. Et puis, la seule chose qui l’effrayait réellement était la raison première de sa venue ici.

Il n’avait pas eu peur, non, mais ça ne l’empêchait de ressentir d’autres émotions tout aussi parasites. L’incompréhension, avant tout, très vite effacée par l’inquiétude, à laquelle se mêlait une pointe d’incertitude. Il offrit un sourire qui se voulait rassurant à l’autre homme, et fit mine de considérer ses excuses. Pas longtemps, à peine quelques instants, le temps de déposer précautionneusement ses pâtisseries dans un endroit sûr.

-    Huuum…, commenta-t-il en donnant trois petits coups dans le mur qui avait offensé Dariel, C’est une bonne technique pour tester la solidité des murs, je vous l’accorde. Personne ne vous aura avec un mur en placo. Mais je vous l’ai déjà dit; je ne vends pas. Pas la peine de tester l’intégrité du bien.

Sa blague tomba à plat, mais il ne cherchait pas vraiment à faire rire son audience. Juste à dédramatiser la situation. Il avait beau ne pas savoir ce qui avait bien pu se passer; s’il devait ne proposer qu’une seule explication… Le Bliss. C’était toujours le Bliss.

-    Restez là, proposa-t-il à l’avachi, Je reviens.

Il ne s’éloigna pas bien loin. Sous son présentoir à épices, au fond du tiroir qui contenait ses poches à douille et autres ustensiles salvateurs, il conservait une trousse de secours, héritée de celle qui fut -qui était encore- sa meilleure amie. Donna le charrirait sans doute si elle savait qu’il avait conservé cette relique des temps anciens, souvenir d’une époque où il ne maniait pas encore le couteau aussi bien qu’aujourd’hui. Il attrapa la petite mallette qui ne payait pas de mine mais qui était plutôt bien garnie.

Revenant vers l’entrée de la pièce, il survola instinctivement la bouteille de chartreuse posée sur le coin de la table, qu’il restockait à chaque fois que c’était nécessaire. Dariel disait ne pas aimer l’alcool, mais c’était ce vers quoi Frederick gravitait naturellement lorsque l’heure était grave. A la place, il attrapa l’une des bouteilles d’eau qu’il avait préparé pour le voyage retour.

Il récupéra un verre d’eau et une tasse (bizarrement, il n’avait pas pensé à apporter toute sa collection de couverts pendant son déménagement improvisé; la seule chose qu’il avait en plusieurs exemplaires était sa collection de verres à shot, mais il refusait de boire des shots d’eau). Servant verre et tasse à égale mesure, il retourna auprès de l’homme prostré pour presser la tasse d’eau contre le dos de sa main valide et l’inviter à la prendre.

Débattant sur la marche à suivre, il finit par se laisser glisser à côté de Dariel, malette et verre en main, veillant à ne pas renverser son eau au passage, et à déposer ses affaires à côté de lui. Finalement, il tendit la main à Dariel dans une invitation. Silencieuse, d’abord, puis verbale.

-    Laissez-moi voir ça.

A première vue la blessure n’était pas très belle, mais Frederick avait déjà vu bien pire. Ça ne semblait pas vouloir enfler, ce qui était déjà un point positif. Avec un peu de chance, l’absence d’hématome signifiait que rien n’était cassé.

-    Hum-uh, je vois…, dit-il, faisant mine de réfléchir, Vous avez de la chance, je pense qu’on aura pas besoin d’amputer. Après, je ne suis qu’un humble pâtissier, je peux me tromper.

Les saignements étaient relativement faciles à traiter. Farfouillant un instant dans sa mallette, il récupéra ce dont il aurait besoin et œuvra minutieusement, en silence. Concentré sur sa tâche, aussi mondaine qu’elle soit. Son côté maniaque sur les bords le suivait dans bien des aspects de sa vie, de ses tatouages symétriques de part et d’autre de son corps, à ses ingrédients étiquetés et soigneusement rangés, jusqu', à priori, aux soins qu’il conférait.

Armé d’un désinfectant, il débuta les soins en meublant le silence gêné... En choisissant d’amorcer une discussion gênante. Autant tirer des parallèles, ici aussi.

-    Vous… euh. Vous voulez en parler ?

Il regretta sa proposition avant même qu’elle ne lui ait entièrement échappé. Frederick Byracka : Chef pâtissier de formation; assassin, infirmier et psychologue à ses heures perdues. Quelle idée il avait eu, de demander ça, franchement. Si Dariel répondait positivement, c’était la porte ouverte à toutes les dérives. Comme parler de ses problèmes et se confier sur ses soucis. Urgh. Non, vraiment. Un verre de chartreuse et une claque dans le dos auraient bien mieux fait l’affaire.
Dariel Vaughan
Townie
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Âge :
33 ans
Origine :
Blisstown
Métier :
Agent immobilier
Surnom :
Dany
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Je vous fait visiter ?
Disponibilité :
Disponible
Biographie :
L'humain est le fils du milieu, il possède une grande soeur et une petite soeur mais jusqu'ici je n'ai rencontré que lui en tant que représentant mâle de sa famille.
Une sombre histoire de prénom est au coeur des affaires familiales. Je ne comprends pas pourquoi. Dariel c'est joli pour un humain.

Je le tolère dans ma superbe demeure avec vue. C'est un bon colocataire, gentil et généreux. Il ne tolère aucune visite, aussi mon auguste personne n'est-elle jamais dérangée.

- pensées de Charlotte

L'humain part souvent pour son travail. Il vend des arbres à chat et des caisses à d'autres humains je crois. Avec bac à litière inclus !
- pensées de Charlotte

Notre vie est très tranquille. Il ne se passe jamais rien et ça me plaît ! Mais parfois, quand l'humain rentre, il ne se sent pas bien. Il est tout paniqué ou triste. Alors je le rassure par quelques ronrons. Et il m'aime encore plus.
- pensées de Charlotte



Dariel Vaughan
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La tentative d’humour, toute ratée qu’elle soit, arracha quand même un rire, tout juste soufflé, à Dariel. Loué soit cet homme et sa magnifique faculté à faire comme si rien ne venait de se produire. Son éducation le voulait-elle ? Ou les convenances sociales ? C’était un attendu que de faire comme si de rien n’était, en toutes circonstances, pour ne surtout pas trop s’impliquer dans les affaires d’autrui. Frédérick lui apporta une tasse d’eau, et Dariel le remercia d’un petit hochement de tête, penaud. Il fallait se reprendre, se raccrocher à toutes ces perches que lui tendait son hôte pour détourner le sujet. Dans quelques secondes. Juste quelques secondes, le temps que tout disparaisse définitivement et que l’esprit de l’agent immobilier cesse de s’interroger sur Frédérick. Ca n’était pas ses affaires. Il n’avait pas à essayer de creuser, pas même à vouloir creuser. Il n’avait pas à vouloir se montrer compatissant pour quelque chose qu’il devait ignorer. Mais il était difficile de faire comme si ce qu’il venait de ressentir ne lui faisait rien. Comme dans le garage de Sandy. C’était là le gros inconvénient de cette foutue Altération. Dur de ne pas s’impliquer émotionnellement quand on vous balançait dans les moments forts de la vie de parfaits inconnus.

Heureusement ces pensées parasites se firent chasser par des préoccupations plus terre à terre. D’abord Dariel voulut répondre que non, pas besoin, il pouvait se soigner tout seul. Et puis à une main c’était quand même compliqué de faire un bandage. Alors il obtempéra, non sans se sentir plus gêné encore. D’ordinaire, à part des membres du corps médical formés pour ce genre de chose, personne n’agissait ainsi envers lui. Non pas que ces pratiques soient proscrites, mais quand même, ça vous faisait monter d’un cran sur l’échelle de la proximité. Et Dariel n’était pas très doué avec ce genre de … pas de démonstration, disons d'interaction ? Évidemment que le malaise le fit tousser, probablement même qu’il devait virer au rosé, encore plus honteux. Non seulement il se montrait agressif dans la demeure de son hôte, il se blessait en s’attaquant à son bien, et en plus il se faisait soigner et n’avait même pas prêté une oreille attentive à tout ce qui se disait plus tôt. Si sa mère était là, nul doute qu’elle lui aurait lancé un de ces fameux regards de maman. De ceux signifiant : “mais qu’est-ce que j’ai raté dans ton éducation ? Ca c’est ton père c’est sûr.”

Ca faisait mal quand même. Ses doigts s’agitaient tout seul, petits sursauts dès qu’on les effleurait à peine, et Dariel grimaça. Il n’était pas douillet. Trouillard, oui, indéniablement, mais pas douillet. Aussi avait-il dû sacrément s’amocher pour grincer des dents de la sorte. Ou alors l’appréhension et la gêne amplifiaient cette impression, théorie totalement plausible. Un “merci” tout juste murmuré et le silence tomba, plus gênant encore que tout le reste, qu’aucune tentative d’humour cette fois ne parvenait à faire disparaître comme par magie.

Et puis LA question. Est-ce qu’il voulait en parler ? Dariel observait les gestes sûrs et précis du pâtissier, puis leva les yeux vers lui, sur son visage concentré sur la tâche. Il l’observait non plus comme ce potentiel client qu’il avait cherché à travers un désert et un village tout cabossé, mais comme cet homme plein d’amertume et de colère retenues par le barrage d’un sourire poli. Est-ce qu’il devait en parler ? Lui dire ce qu’il avait compris en entrant chez lui ? Ce serait plus gênant qu’autre chose. Et puis Dariel sursauta, se rendant compte que ça ne se faisait pas de fixer les gens comme ça, et qu’il laissait lui-même transparaître trop de choses. Il n’avait jamais été doué pour cacher quoi que ce soit. Ses sœurs le lui répétaient tout le temps. “On lit en toi comme dans un livre ouvert Dany.” S’ils avaient été proches, Dariel lui aurait donné un petit coup d’épaule, et l’aurait certainement traîné quelque part le temps de chasser ces idées noires. Et puis il l’aurait invité à aller manger. Et le soir, il serait revenu sur le sujet et l’aurait incité, avec un peu d'insistance, à vider son sac. Et il l’aurait écouté et soutenu, parce que les amis agissaient ainsi. Mais voilà, Dariel et Frédérick n’étaient pas amis. Alors à la place il désigna la boîte mystère d’un petit signe du menton.

“- Des douceurs ? Si vous essayez de m’amadouer pour que je vous fasse un prix le jour où vous vendrez, sachez que je ne suis pas facile à corrompre monsieur Byracka.”

Non, il n’en parlerait pas. Dariel ne parlait jamais de son Altération à qui que ce soit. Même sa famille ne savait pas. A part un psychiatre chez qui il avait couru, persuadé qu’un trouble mental le guettait au début de ces manifestations, personne ne savait. Quand on lui avait assuré qu’il ne s’agissait rien d’autre que du Bliss, Dariel avait été à la fois soulagé et désespéré. Ca voulait dire qu’il ne pouvait pas se débarrasser de ça. Et puis, malgré toute la rationalité dont il faisait preuve, une part de lui ne pouvait s’empêcher de croire que peut-être il était victime d’une malédiction. Ou d’un autre truc dans ce genre.

Le bandage terminé, Dariel inspecta le travail du pâtissier. Pas mal du tout pour un non médecin. Quoique, quand on vivait en exil on finissait forcément par porter plusieurs casquettes. Il se leva enfin, sa tasse d’eau dans sa main valide qu’il leva, comme pour trinquer, en direction de Frédérick, et la vida d’une traite, puis la reposa sur la table. A côté de la boîte. La mystérieuse boîte. Qu’il finit par ouvrir pour y découvrir tout un assortiment de pâtisseries. A cette vue son ventre se manifesta dans un grognement tout sauf discret. Il retourna s’asseoir, posa la boîte ouverte entre eux. Tout semblait excellent.

“- Alors, que me conseillez-vous en premier ?”

Voilà, faisons comme si de rien n’était. Pas de trace au mur. Pas de casse. Pas de mots à poser pour tenter de définir quoi que ce soit. Juste un bandage sur une main, une blessure pouvant provenir de n’importe quoi d’autre.

“- On partage bien sûr.”

Et pour appuyer ses dires, Dariel poussa légèrement la boîte vers son hôte. Qu’il se lance dans une explication détaillée de chaque recette, de comment il avait choisi tel ou tel arôme, de comment il mariait telle et telle saveur, n’importe quoi pourvu qu’on fasse comme si de rien n’était. A son tour Dariel tendait une perche. Il n’y avait qu’à la saisir.
Frederick Byracka
Exilé(e)
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Starcadia
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Chef pâtissier
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La vie est moins amère avec un petit morceau de sucre.
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Biographie :
Ancien patron des "Délices du Bliss", connu pour ses pâtisseries aussi divines qu'onéreuses, Frederick avait pour habitude de vivre dans l'opulence. Se considérant comme génie culinaire et visionnaire dans son domaine, il vivait pour son Art.

Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
Frederick Byracka
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https://blisstown.forumactif.com/t126-delices_du_bliss#235
Dariel ne répondit pas à sa question. Pour tout vous dire, son absence de réponse était si bruyante que Frederick aurait eu l’impression de l'interrompre en choisissant de dire quelque-chose à ce moment-là. Son silence, c’était une réponse en soi; une réponse que le pâtissier pouvait respecter. Alors, plutôt que d’insister, il attrapa une compresse de gaze et, avec la même délicatesse que lorsqu’il ajoutait la dernière feuille d’or à une de ses compositions, il la déposa avec soin au-dessus de la main du blessé qui tressaillit.

Levant les yeux de son travail un court instant pour vérifier que tout allait bien avec son patient improvisé, Frederick suivit du regard son geste du menton en direction du carton qu’il avait posé sur l’unique table de la pièce, et l’écouta détourner la conversation vers un sujet que le pâtissier maîtrisait, à son plus grand soulagement.

En parfaite osmose avec la décision de Dariel, Frederick ne pouvait que se réjouir devant cet accord tacite d’ignorer l’éléphant dans le magasin de porcelaine, tout en veillant à ne pas l’approcher au risque d’envoyer s’écraser au sol cette pantomime de normalité.

Le pâtissier mentirait s’il disait qu’il n’était pas au minimum un peu curieux de savoir ce qui était arrivé à Dariel pour qu’il décide brusquement d’inviter son poing à faire plus intime connaissance avec un mur, mais le plus important n’était-il pas que l’autre homme aille mieux ? Bien sûr, une part de lui-même voudra toujours en savoir plus : il était humain, après tout, et un humain bien curieux (au sens propre, comme au figuré). Tout sujet évité piquait forcément son attention. S’il avait été un poil plus philosophe, il avouerait sans doute qu’avant de chercher à s’intéresser aux squelettes dans le placard de Dariel, il ferait peut-être mieux de s’occuper des siens.

S’appliquant à choisir le bandage le plus adapté à la situation, il poursuivit le soin en choisissant de répondre à la boutade de l’agent immobilier sur un ton pince-sans-rire.

-    On ne peut rien vous cacher. C’est bien là mon plan infaillible. Il leva les yeux sur Dariel et fit claquer sa langue, Ne vous moquez pas, vous plaisantez là-dessus uniquement parce que vous n’avez encore jamais goûté à mes préparations. Vous pourriez être surpris.

Des personnes bien plus intègres que Dariel y étaient devenues accros. Bon, d’accord, ça avait certainement un rapport avec les extraits de larmes de Bliss qu’il avait pris l’habitude de glisser dans les bases de ses mousses, à la douce époque où il pouvait encore s’offrir ce type d’ingrédient controversé (ce qui n’était plus le cas à présent), mais là n’était pas la question. Les sourcils légèrement froncés, il inspecta son travail.

-    Ça fait longtemps que je n’ai plus eu à faire ça, commenta-t-il, Vous seriez étonné de savoir combien de fois je me suis écorché les doigts en début de carrière. Bougez, pour voir.

Dariel se leva, testant par la même occasion la résistance du bandage, et Frederick sourit au toast improvisé qu’il lui dédia, une fois debout. S'appliquant de son côté à ranger la trousse de secours, il cligna des yeux en voyant l’agent immobilier déposer près de lui la boîte qu’il avait tenté de lui offrir plus tôt. Il arqua un sourcil devant la proposition de Dariel, mais l’accepta avec gratitude. Il n’allait pas dire non à une proposition de se remplir un peu l’estomac avant d’aller en ville.

Faisant mine de réfléchir à la question qui suivi, il s’appuya contre le mur pour se lever à son tour.

-    Ce que je vous conseille en premier ? De prendre une cuillère. Ce serait bête de salir un pansement fraîchement posé.

Avec un sourire en coin, il alla ranger la mallette à sa place attitrée et récupéra au passage deux cuillères à dessert dépareillées. Il songea un instant à proposer à Dariel de s’installer à table, mais cette dernière était déjà un peu trop petite pour lui tout seul à la base, alors s’imaginer la partager avec Dariel… Non, autant rester par-terre, ils auraient plus de place. Il tendit une cuillère à son invité et se laissa glisser à ses côtés.

-    Bien, par quoi commencer… Mon avis d’expert, c’est qu’il faut se réserver ce qu’on apprécie le plus pour la fin, et débuter par ce qui nous tente le moins. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Si Dariel espérait une épopée gustative à travers les sept continents, il risquait fort d’être déçu. Frederick n’avait que peu de patience pour ces prétendus visionnaires qui décidaient d’assouvir leurs désirs d'originalité à travers leurs desserts. Une pâtisserie, c’était censé être réconfortant. Et il n’y avait rien de réconfortant à se voir présenter une mignardise dont on ne connaissait pas les trois-quart des ingrédients, et qui arrivait totalement déstructurée dans son assiette. Il n’était pas contre un peu d’innovation, mais la simplicité était, et restera toujours, son but premier.

Laissant Dariel jeter son dévolu sur la première victime de leurs victuailles entre la tarte tatin, le crumble poire noisette, le chausson aux pommes et l'aumônière, il attendit qu’il se serve pour le suivre dans sa lancée. Ils devaient avoir l’air fins, tous les deux. Le tableau n’était pas aidé par Frederick qui ne voyait pas d’inconvénient majeur au fait de parler la bouche pleine (après tout, ils mangeaient bien à même le sol, un fin carton séparant les gourmandises du parquet), se faisant un plaisir de décrire sommairement chacune des pâtisseries, à mesure qu’ils y goûtaient.

L’ambiance était… étrangement détendue. Autant qu’elle pouvait l’être, entre deux parfaits inconnus.

Frederick n’était pas naïf au point de penser que tout ceci était parfaitement normal. Il n’aurait pas réussi à Starcadia en n’étant pas un minimum méfiant. Dariel avait besoin de lui, et Frederick avait de quoi lui être utile. Leurs échanges n’étaient sans doute qu’une étape de plus menant à l'acquisition potentielle de sa boutique, ou à la découverte de l’identité de son rival. Et pourtant, même si ce n’était qu’un bug dans la matrice, même si tout ça était motivé par un objectif défini, la partie reptilienne de son cerveau, celle qui lui martelait d’assurer ses besoins les plus primaires, baignait dans un rare sentiment de quiétude ; de contentement. Personne, au fond, n’aimait se sentir seul.

C’est au moment d’entamer leur dernière pâtisserie que la porte de la roulotte s’ouvrit à la volée. Le soleil baigna l’entrée, lui faisant tourner la tête vers le nouvel invité, alerte. Sandy se tenait sur le pas de la porte, les yeux plissés pour réajuster sa vision à la différence de luminosité entre l’extérieur et l’intérieur de l’habitation. L’émotion sur son visage était indescriptible.

-    Frederick, est-ce que tout va bie–.

Elle s’arrêta net lorsque le pâtissier leva la main pour qu’elle le repère avant de décider d’entrer en trombe dans la roulotte. La femme écarquilla les yeux en le repérant (forcément, elle ne le cherchait pas au niveau du sol), puis elle les observa un instant sans rien dire, avant de soupirer lourdement.

-    Qu’est-ce que vous foutez par terre ?

Frederick ouvrit la bouche pour répondre, interrompu par la mécanicienne qui adopta un ton moins pressant, plus exaspéré.

-    Non, laisse tomber, je veux pas savoir, le devança-t-elle, Tu comptes prendre la route encore aujourd’hui, où vous avez prévu une soirée pyjama après le goûter ?

Visiblement, il était l’heure de plier bagage. Sur une promesse de décoller dans une vingtaine de minutes, le temps de tout ranger, Sandy les laissa tranquille non sans marmonner quelque-chose que Frederick ne capta pas, et ne chercha même pas à comprendre. Transvasant la pâtisserie restante dans un carton plus petit (et moins rempli de miettes), il offrit la petite boîte à Dariel.

-    Tenez, pour chez vous. Je vous ai demandé de garder le meilleur pour la fin. Ce serait bête de ne pas en profiter.

Cette fois, le bref sourire qu’il offrit à Dariel était sincère. Attrapant de quoi s’hydrater en route, ils prirent enfin la direction du garage de Sandy pour y retrouver le cruiser qui les attendait sagement depuis suffisamment longtemps pour avoir inquiété la mécanicienne, qui ne les avait pas vu revenir.

Frederick au volant, Dariel place passager, ils entamèrent le trajet vers BlissTown dans un silence presque contemplatif que le pâtissier n’eut d’autre choix que de briser à la vue du compteur de niveau de carburant, plus proche de la réserve que du plein. Sandy n’était pas machiavélique au point de leur avoir laissé trop peu de carburant pour qu’ils arrivent à BlissTown sans souci, mais Frederick n’allait pas non plus pouvoir flâner au hasard avant de trouver une station service. Il avait besoin d’un itinéraire.

-    Au fait, où est-ce que je vous dépose ?
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