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Jouer sur Blisstown

BlissTown, mutation carcérale bâtarde de Las Vegas, microcosme en plein coeur du Désert du Nevada. Construite à l’image des ambitions des plus grands entrepreneurs du monde, la ville et ses alentours sont le résultat de tout l’isolement que l’argent peut acheter. Ici, même le climat est maîtrisé par un miracle surnaturel appelé Bliss dont seule Ceres semble percevoir les contours. Être un BlissTownie, c’est un statut unique au monde. Un art de vivre pour certains, une malédiction pour beaucoup. Une culture de l’éphémère, un attachement toxique à une ville qui étouffe ses enfants tout en les propulsant dans un univers où tout va trop vite. Au milieu de cet environnement en mutation permanente offrant à ses enfants des capacités qu’ils n’ont jamais demandées s’affrontent les ambitions, les recherches de liberté et les soifs de vengeance. A chaque nouvel événement étrange et parfois désastreux, les questions pleuvent. Pourquoi tout le monde reste dans cette ville-expérience où l’influence des gangs s’étend un peu plus chaque jour ? Quelle nouvelle bizarrerie réserve-t-elle à ses habitants ? Mais surtout : qu’est-ce que le Bliss, et que faire de ce terrifiant cadeau du destin ?
Chapitre ILe phénomène Eleanor
Actualités HRP
20.04.2023

Un sujet de foire aux questions a été créé pour regrouper les questions du discord.

10.04.2023

Ouverture du forum, allez lire le message d'introduction !

@Blisstown Whispers

Il paraît qu’un sous-sol supplémentaire est apparu sousl’ancien Caesar Palace en l’espace d’une nuit, après le grand“boum” que tout le monde a entendu.

@SinistreDoggo

Je suis passé devant un bâtiment qui n'était pas là hier. Il est immense, noir et semble être en construction depuis des années. Mais personne n'a jamais vu qui travaille dessus.

@AidenMystery

Je suis allé dans un parc qui était fermé pour la rénovation. Pourtant, j'ai entendu des rires et des cris d'enfants. En me retournant, j'ai vu des jouets bouger tout seuls.

@SkyeTheExplorer

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Eva Wolffhart

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Instabilités du Bliss

On constate des disparitions, et beaucoup d'admissions à la clinique ...

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Death by sugar

Gaïa Karalis
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Ne mourez pas.
...Non, vraiment, j'ai besoin de vacances.
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Biographie :
Ex-élue du Bliss, d’un groupuscule sectaire aux dérives violentes dont elle n'a plus aucun souvenir grâce à la severance artificielle. Maintenant, c'est une autoentrepreneuse dont le business dépend entièrement de son altération : celle-ci est mise au services des endeuillés, des forces de l’ordre, ou en fait de n’importe qui se présentant avec une demande assez raisonnable pour les billets proposés en échange.
...A l'exception des fantômes eux-mêmes, qui payent en informations ou en services.
Gaïa Karalis
https://blisstown.forumactif.com/t108-carnet-de-gaia#198
https://blisstown.forumactif.com/t120-nostragaia#216
Le Bliss et ses caprices.
Le Bliss… a ses raisons.
Des gens qui ont subi leur altération, ce n’est pas rare d’en croiser dans mon métier. Certains ont dû réapprendre à vivre dans un corps complètement différent et n’y sont jamais parvenus, d’autres ont des effets si débilitants que leurs possesseurs tombent dans les pires drogues, s’attirant ainsi une spirale infernale d’autres problèmes dont ils ne sont jamais sortis.

Mais une altération si minutieusement sculptée pour détruire la vie d’un homme, en anéantissant avec une telle précision son unique passion… je n’en avais jamais rencontrée, parmi les morts comme les vivants. Une vie chamboulée, oui, souvent. Rien que la mienne serait fondamentalement différente si je n’avais pas cette altération.
Non, je pense même que je serais devenue une autre personne. Difficile de dire à quel point, mais c’est ce que mon intuition me fait ressentir.
Mais une vie détruite à ce point?...Non, pourquoi le Bliss ferait ça? Quelle est la raison profonde, le sens derrière ce sadisme?...

Prise par l’histoire de l’homme que je regrette amèrement d’avoir confronté ainsi, sa dernière question me laisse pantoise un long moment, tant elle est inattendue. Ce qu’il aurait pu faire autrement?

…J’en sais rien. J’en sais foutrement rien. Mes doigts s’agitent nerveusement, mes yeux ne parviennent plus à croiser son regard. Putain, si j’avais su la vérité, jamais je me serais comportée comme ça… au diable la justice et toutes ces conneries, est-ce que ça valait vraiment le coup de détruire quelqu’un pour faire plaisir à un fantôme?

Non. Non, je ne dois pas penser ça. C’est ma connerie…il faut l’assumer maintenant.

“Je suis désolée.” Ce sont les premiers mots qui me viennent quand je trouve enfin le courage de regarder le pauvre homme dans les yeux. “Tous les éléments semblaient indiquer que…c-cette histoire paraissait si plausible, si cohérente, que… Enfin, j’étais à des années-lumières d’imaginer ce scénario.
Mais je vous crois, monsieur. Et…vous n’avez rien à vous reprocher, pour ce que mon avis vaut.”

…Autant jeter tous les masques au feu, maintenant.

“Et puis merde, vous m’avez tout avoué alors j’vous dois bien la même: je ne suis pas détective.
Enfin…si, en quelque sorte, mais ma présence ici n’a rien d’officiel. Ce n’est pas la police qui m’a refourguée cette affaire, ni un cas que j’ai choisis pour arrondir la fin du mois. C’est… mon altération. Contrairement à la vôtre, la mienne m’a créé une voie alors que je ne savais rien faire de ma vie…”

Mes yeux, légèrement humides, se détournent de l’exilé pour se poser sur la fantôme qui reste silencieuse à côté de l’escalier. Tout aussi troublée que moi de découvrir le fin mot de l’histoire.

“Je vois les morts, et ils me parlent. Donc la personne qui m’a envoyée sur votre piste..est Sarah Schneider elle-même.”
Frederick Byracka
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La vie est moins amère avec un petit morceau de sucre.
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Ancien patron des "Délices du Bliss", connu pour ses pâtisseries aussi divines qu'onéreuses, Frederick avait pour habitude de vivre dans l'opulence. Se considérant comme génie culinaire et visionnaire dans son domaine, il vivait pour son Art.

Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
Frederick Byracka
https://blisstown.forumactif.com/t125-recettes-de-famille#231
https://blisstown.forumactif.com/t126-delices_du_bliss#235
Le silence se fit dans la pièce à la suite de sa question et Frederick détourna les yeux, de peur de voir se refléter dans le regard de la jeune femme toute l’animosité qu’il ressentait déjà à son propre égard. Il ne la connaissait pas : qu’elle l’apprécie ou non lui importait peu… Mais qu’elle, une parfaite inconnue, lui confirme ce qu’il craignait le plus -Bien sûr qu’il aurait pu faire quelque-chose ! Consulter un expert en altérations, faire des testes, s’isoler le temps d’en savoir plus; il aurait pu faire quelque-chose pour éviter ça !-, eh bien c’était un peu trop pour une seule et même journée.

La jeune femme prit parole, prête à rendre son jugement, et le pâtissier leva les yeux sur elle, surpris par les mots qu’elle lui adressa, toujours avec la même douceur. Qu’elle soit désolée était une chose. Elle pouvait l’être pour Sarah, pour cette étudiante dont la seule faute avait été de vouloir s’offrir un petit plaisir qui se révéla fatal, mais être désolée pour lui…?

Étrangement touché par l’empathie dont elle faisait preuve, Frederick se força à lui rendre la pareille.

- Merci… Et désolé de vous donner plus de boulot que prévu. Ça aurait été plus simple si j’avais vraiment voulu l'empoisonner.

La tentative de blague retomba comme un soufflé lorsqu’il s’entendit, et il se rembruni aussi sec. Il savait que les affaires liées aux altérations néfastes comme la sienne étaient toujours plus compliquées à juger, plus longues à traiter, et qu’elles laissaient en général un goût amer à tout le monde. Après tout, quel jugement porter sur une personne qui n’avait même pas conscience de ses actes ?

La détective s’exclama soudain, et il fronça légèrement les sourcils, confus. Elle n’était pas détective, n’avait aucun lien avec la justice, et en toute vraisemblance il n’allait pas voir débarquer une escouade prête à le trainer de force vers un jugement le menant irrémédiablement à la Severance. La nouvelle aurait dû le soulager, mais bizarrement, elle lui laissait une impression de grand froid. Pas parce qu’il avait été berné par la demoiselle, mais parce qu’il n’en restait pas moins un criminel.

La jeune femme avait fait appel à son altération pour remonter jusqu’à lui et, l’espace d’un instant, Frederick la jalousa, comme il jalousait ceux qui menaient une vie palpitante grâce à leurs dons extrasensoriels. Puis, elle lui annonça communier avec les morts, avec Sarah, et il la regarda en face pour la première fois depuis quelques minutes.

Remarquant ses yeux brillants, Frederick se gifla mentalement pour l’avoir enviée quelques secondes plus tôt. Tu parles d’un pouvoir. Ne sachant trop que faire de ces révélations -d’abord, il apprenait qu’il avait tué quelqu’un, et maintenant, ce quelqu’un avait apparemment missionné une jeune femme pour le retrouver-, il balbutia maladroitement.  

- Et… Elle va bien ?

De toutes les conneries qu’il aurait pu sortir, c’était certainement la plus conne de toutes. Bah bien sûr, Frederick, elle pétait la forme ! C’est pour ça qu’elle avait envoyé quelqu’un à sa recherche, parce qu’elle voulait le remercier d’avoir foutu sa vie en l’air. Mais qu’il pouvait être–

Il grogna pour faire taire sa petite voix intérieure, et grimaça à l’adresse de la détective qui n’en était pas vraiment une, mais un peu quand même.

- Désolé. Tout ça, c’est un peu… Beaucoup. J’ai besoin d’un verre. Je vous sers quelque-chose ? Alcool, thé, café…? De l’eau ?

Il la laissa faire son choix. Il ne lui en tiendrait pas rigueur si elle déclinait sa proposition : elle avait toutes les raisons de se méfier, aussi bien de l’empoisonneur qu’elle pensait qu’il était, que de l’exilé à l’altération dangereuse qu’il était réellement. Il zyeuta un moment la boite d’infusion de camomille qu’il avait justement acheté pour ses vertus apaisantes, puis se rabattu sur la bouteille de chartreuse verte qu’il conservait précieusement. La liqueur au goût herbacé était un mélange de plantes, ça se rapprochait assez bien de la camomille.

Retournant s’asseoir en déposant un petit plateau devant lui, il se servi un verre et inspecta un moment son contenu. Une question le taraudait, refusant de le laisser en paix. Il avala une gorgée de liqueur pour se donner un minimum de consistance. Et pour se concentrer sur la brûlure de l’alcool, plutôt que sur la nature de sa question.

- Est-ce que vous savez si elle a souffert ?, Il laissa sa phrase en suspend avant d’enchainer, hésitant, Et est-ce que… Vous pouvez lui demander pard– Non, lui dire que je suis désolé ?

Il n’allait pas en plus lui demander l’absolution. Tout ce qu’il pouvait lui offrir, c’était ses excuses, et espérer qu’elle perçoive sa sincérité depuis l’au-delà. Il pinça les lèvres. Bon sang, il n’était pas pressé que l’heure du coucher arrive. Il allait définitivement faire des cauchemars cette nuit.
Gaïa Karalis
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“Non merci, c’est…oh, puis si, je vais prendre la même chose que vous.” Ce n’est pas que j’ai soif, ou que je sois d’humeur à m’oublier dans l’alcool, mais accepter sa proposition est peut-être le seul moyen de lui prouver ma confiance, la confiance en son innocence dans cette histoire.
C’est peut-être prématuré, mais une bonne médium doit suivre son instinct, non?

Devant les questions suivantes mes yeux se ferment lentement, alors que je prend une grande inspiration, suivie d’une longue expiration par le nez. Il n’est pas toujours aisé d’aborder le sujet des fantômes avec un néophyte, encore moins quand il est troublé. Les gens ne comprennent pas toujours tout ce qu’implique ce monde invisible…et c’est aussi mon devoir de les rassurer sur le sujet.

Néanmoins, la personne que je fixe n’est pas mon interlocuteur mais la fantôme elle-même, assise dans les escaliers. Nos regards s’échangent, et sans un mot je comprend que nous sommes du même avis. Elle m’a déjà raconté ses derniers instants bien plus tôt dans la journée, quand je commençais tout juste l’enquête.
Oui, elle a souffert. Pas longtemps, mais ces quelques minutes d’agonie l’ont assez marquée pour qu’elle en vienne à haïr du plus profond de son coeur cet homme qui l’a empoisonnée. Ces choses-là ne disparaîtront jamais complètement car le changement est le propre de la vie et non des défunts.  Mais au moins, elle a obtenu ses réponses… et quelque part sa vengeance aussi, bien que ce ne soit pas ce à quoi elle s’attendait.

C’est donc avec un triste sourire, se voulant rassurant, que j’annonce: “Sa souffrance a été de courte durée.”
Mentir était tentant, mais n’aurait pas été respectueux ni pour l’un ni pour l’autre, alors je privilégie les manières adoucies d’amener la vérité. Et pour que l’âme de Sarah repose en paix, aucune zone de flou ne doit demeurer.

“Quant au pardon, vous n’avez pas besoin de passer par moi. Elle vous écoute et vous observe en ce moment-même. Du menton, je pointe les premières marche de l’escalier, où la défunte est assise, la tête basse, perdue dans ses pensées.

“Si vous désirez lui dire quelque chose…C’est le moment ou jamais.”
Frederick Byracka
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Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
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Elle n’avait pas souffert longtemps, mais elle avait souffert. L’information était difficile à accepter même si, au fond de lui, il en avait déjà été conscient. Une mort paisible n’aurait certainement pas entrainée la médium à partir à sa rencontre, le laissant à jamais dans l’ignorance. Était-il monstrueux de songer que, dans un sens, c’était sans doute un mal pour un bien ? Sans cela, il n’aurait certainement jamais—
Frederick serra les dents et renonça à prendre un autre shot de liqueur, de peur de voir sa main trembler en attrapant son verre.

Un frisson remonta le long de son échine lorsque la demoiselle lui indiqua que sa cliente spectrale se trouvait en leur compagnie. Littéralement en leur compagnie, il faut croire, vu qu’elle désigna les escaliers d’un geste, comme si la défunte s’y trouvait.

Lorsqu’elle avait dit s’adresser aux défunts, Frederick avait imaginer un lien plus… mystique. Une communication à travers des messages sibyllins, que seule l’initiée qu’elle était pouvait décrypter. Mais il ne s’agissait pas d’un don inné de la jeune femme, d’une sensibilité quelconque à l’au-delà dont il avait pu voir certains se vanter : c’était son altération.

Elle n’était pas plus en phase avec les énergies que lui. Elle n’était pas extralucide, elle voyait juste les morts comme il la voyait, elle. Le pâtissier grimaça intérieurement.

Hésitant, il jeta un coup d’œil à l’endroit indiqué par la jeune femme. Il pouvait vaguement imaginer Sarah, les bras croisés, reposant contre le mur avec un air indescriptible sur le visage. Partiellement parce que le rapide coup d’œil qu’il avait jeté à sa photo n’avait pas suffit à ce qu’il se souvienne des traits de son visage, mais aussi parce qu’il n’avait pas la moindre idée de l’expression qu’elle pourrait bien porter à cet instant. Que répondre à un homme qui n’avait même pas conscience de vous avoir fait du mal ? Et que pouvait-il, de son côté, lui dire qui ait une quelconque importance aux yeux de la défunte ?

Il se demanda vaguement si ce qu’on disait était vrai, et s’il sentirait sa présence en la forme d’un froid glaçant s’il venait à se rapprocher de l’escalier. Il déglutit. Il était bien, là où il se trouvait.

Frederick se tourna vers la demoiselle assise près de lui et ouvrit la bouche avant de se raviser. Résolument, il se retourna vers l’escalier. Il se sentait un peu idiot, à s’adresser au vide, mais si elle disait vrai et que Sarah se trouvait réellement là, il était hors de question qu’il l’ignore. L’expérience était étrange, ressemblant d’avantage à une confession qu’à une conversation.

Ne pas pouvoir voir le visage de son interlocutrice était déroutant, peut-être même plus que la notion de l’existence d’un au-delà. Il s’éclaircit la gorge, se demandant ce qu’il était sensé dire, dans une telle situation. Il avait apprit à reconnaître ses tords et à présenter ses excuses sans sourciller et avec sincérité : l’exercice n’avait rien ne nouveau pour le chef pâtissier. Le problème ne venait pas de l’exercice en soit, mais de la nature de son crime.

- Je suis sincèrement désolé, Sarah. Prononcer son nom à voix haute rendait tout ça un peu plus réel, J’aimerais pouvoir faire quelque-chose… Si j’avais su, j’aimais je n’aurais…

Il détourna le regard un court instant. Ce qui est fait est fait, et ses regrets ne changeront pas la donne. L’heure n’était pas aux suppositions, après tout.

- Savoir que tu as souffert par ma faute, alors que tout ce que j’ai toujours voulu, c’est apporter du réconfort aux autres… Je ne me le pardonnerai jamais.

Comme bien des choses dans la vie, il apprendra à vivre avec. Le pâtissier n’était pas un grand amateur du pardon, qui lui avait toujours semblé trop simple. Il pouvait s’avérer très rancunier, mais seulement parce qu’il tenait les actions d’autrui en même estime que les siennes. Il n’avait jamais comprit comment nullifier une mauvaise conduite était sensé la corriger. La meilleure façon d’expier ses fautes était de ne jamais vraiment les oublier.

- Tant que je serais un danger pour les habitants, je resterai ici, loin de l’influence du Bliss. Et si je dois me rendre en ville, je jure de faire attention. Hésitant, il jeta un coup d’œil à la jeune femme assise à ses côtés avant de reporter son attention sur l’escalier, Ton amie ici présente sait qui je suis et connait… comment je fonctionne… Si elle devait être visitée par une autre victime de mon incompétence, j’espère qu’elle se rapprochera directement de Juniper avec tout les éléments à sa disposition.

Il n’osa pas se retourner vers la demoiselle à qui il venait essentiellement de confier la mission de se porter garant en son nom auprès de la défunte. A la place, il adressa une question à cette dernière.

- Est-ce qu’il… y a quelque-chose que je puisse faire pour toi ? Pour t’aider à…?

C’était sans doute un peu bête, de lui demander ça, mais il ne pu s’en empêcher. Il avait vaguement cru comprendre que les esprits s’attardaient parmi les vivants pour leur transmettre des messages, ou pour chercher vengeance, ou parce qu’ils refusaient de partir sans régler l’une ou l’autre affaire importante de leur vivant. Il avait pu dire tout ce qu’il avait à dire à Sarah. À elle maintenant d’avoir la parole.

Il hasarda un coup d’œil à la jeune femme qui rendait tout cela possible, attendant de connaître les paroles de la disparue.


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Quel spectacle étrange d’observer de l’extérieur un échange dépassant le voile de l’au-dela ou même le filtre de la perception. C’est comme être un épais rideau au travers lequel deux personnes communiquent sans se voir, sans avoir besoin d’être dans le même monde. C’est bien la première fois que j’assiste à cette scène en tant que spectatrice et non actrice, une vision unique qui aurait été impossible sans le Bliss… pour les mauvaises comme les bonnes raisons.

Si je devais me faire narratrice, décrire à Frederick les actes de la fantôme, comment m’y prendrais-je? Quels mots peuvent décrire le village larmoyant de l’étudiante trépassée quand elle écoute la conviction de son involontaire assassin? Quel terme employer pour raconter qu’elle a tenté de prendre sa main entre les siennes, qu’ils ont durant quelques instants coexisté dans le même espace sans pouvoir se toucher? Qu’elle a accepté ses excuses et accordé son pardon, comprenant qu’il est lui aussi une victime dans cette tragédie?
Puis que finalement, elle s’est tournée vers moi pour me révéler son véritable désir, avant de marcher jusqu’à la porte et disparaître derrière la paroi, dans la lumière de l’extérieur?

Je prend une grande inspiration, prête à retourner sur scène.

“...Elle est partie.” Je commence, afin qu’il ne se sente plus obligé de parler à un mur, “et vous a pardonné.”

Moi qui croyais que les fantômes ne pouvaient pas vraiment changer, qu’ils étaient avant tout une image rémanente d’une âme au moment de sa mort, comme une ultime photographie… il y a définitivement des choses qui m’échappent encore.

“Et voilà ce qu’elle m’a dit. Après… ce qui lui est arrivé, ses deux parents ont sombré dans l’alcool et sa petite soeur, Zoe, a été négligée… elle est forte, mais Sarah aimerait…non, aurait voulu que quelqu’un puisse veiller sur elle de temps en temps. s’assurer qu’elle aille bien, au moins le temps d’entrer à l’université. L’affaire de quelques mois.”

L’étudiante est partie en laissant une tâche ardue derrière elle, surtout pour un exilé qui cherche à s’éloigner de la ville. Je doute fort que ce soit une vengeance de sa part, mais plutôt simplement du désir qui alourdissait vraiment son coeur et l’empêchait de partir.

Quoi qu’il en soit, même si je pense connaître la réponse, c’est mon devoir de proposer quelque chose:

“Écoutez…vous vivez hors de la ville, et m’occuper des dernières volontés des fantômes fait partie de mon travail, alors si vous voulez de l’aide… ou que je m’acquitte de sa mission à votre place…”
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Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
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L’attention de la jeune femme se concentra sur un point fixe à ses côtés et s’il avait encore eu les moindres doutes sur la véracité de son don, ils se seraient envolés lorsqu’une conversation à sens unique s’engagea sous ses yeux. Ou plutôt, une conversation dont il ne pourrait jamais connaitre tout les éléments, l’une des participantes n’habitant tout simplement pas le même plan d’existence.

Jusqu’à présent, il n’avait eu que la parole de la médium sur laquelle se reposer, ne l’ayant pas imaginé communiquer avec qui que ce soit, mais simplement faire son procès et pointer un coin de la pièce du doigt en lui affirmant qu’une présence spectrale s’y trouvait. Oh, il ne remettait pas en question ses accusations, loin de là. Mais la voir, réellement la voir, communier avec l’au-delà… L’absence de fanfare associée, le sérieux dont elle faisait preuve, n’ayant strictement rien à prouver à qui que ce soit... C’est ce qui il colla la chaire de poule.

Silencieusement, il l’observa communier avec l’esprit, anxieux d’apprendre ce qu’elle allait lui révéler. Et puis, aussi vite qu’elle avait démarré, la conversation s’était tarie. Sarah s’en était allée, et le ciel n’avait même pas eu la décence de se fendre au-dessus de leurs têtes. C’était presque décevant. Mais pas aussi décevant que l’absence de secousse sismique prête à l’engloutir, lui et sa promesse faite à un souvenir.

Puisqu’une mauvaise nouvelle n’arrivait jamais seule, la médium lui apprit qu’il n’avait pas brisé une vie, mais quatre. Les parents de l’étudiante avaient sombré dans l’addiction, et sa jeune sœur, un dénommée Zoe, se trouvait privée de tout soutien. C’est pourquoi Sarah souhaitait… En faire un baby-sitter à temps partiel ? Qu’il aille tapoter la tête de cette parfaite inconnue en lui offrant des pépites de sagesses dont il ne disposait absolument pas et qui allait de toute façon lui être d’aucune utilité si le Bliss se mettait en tête de foutre sa vie un peu plus en l’air ? Est-ce qu’il semblait en capacité de veiller sur qui que ce soit, à l’heure actuelle ?

Glissant une main dans ses cheveux pour se frotter légèrement le crâne -un tic nerveux dont il ne s’était jamais vraiment défait-, il jeta un œil à la messagère, puis à son verre de chartreuse. S’il n’avait pas l’impression de rire au nez de la mémoire de Sarah en faisant ça, il n’aurait pas hésité à boire d’une traite ce qu’il restait de sa liqueur.

La médium avait dû sentir la noirceur de son aura (ou elle avait simplement remarqué son air choqué, ses épaules nouées et la détresse de son regard), car elle prit parole pour lui proposer son aide, voire carrément de se charger elle-même de la mission confiée par la défunte.

Frederick songea que ce serait effectivement mieux ainsi, mais il se retrouvait déjà à secouer la tête en signe de refus. L’intellect et les affaires du cœur ne faisaient pas toujours bon ménage, et autant il aurait pu lister une dizaine de raisons pour lesquelles il ferait mieux d’accepter l’offre de la jeune femme et rester terré dans son trou, autant il avait, à minima, un devoir moral envers Sarah. Elle l’avait pardonné, soit. Mais elle lui avait aussi confié sa petite sœur. S’il était assez horrible pour se désolidariser de toute cette affaire maintenant, alors peut-être que le Bliss aurait raison de l’avoir dans son viseur.

- Je ne peux pas vous demander de faire ça. De porter cette charge à ma place, je veux dire. Précisa-t-il avant d’ajouter, contemplant ses mains, Mais vous avez raison… Je n’y arriverai sans doute pas sans aide. Et vous êtes la seule qui sache toute l’histoire.

Elle était venue ici pour clore une enquête et, en quelque sorte, il lui demandait d’en ouvrir une nouvelle dans la foulée. Elle devait sans doute être ravie du déplacement. Mais après tout, si elle le proposait d’elle-même… D’ailleurs, qu’avait-elle à tirer de toute cette affaire, à part des ennuis ? Elle s’était infiltrée chez lui en étant convaincu d’avoir affaire à un dangereux criminel, tout ça sans renforts. Lui était motivé par sa culpabilité, mais elle ?

- Je ne sais même pas par où commencer. Grimaça-t-il, Comment on est sensés veiller sur une personne qu’on ne connait pas ?

La réponse était évidente. Il fallait commencer par aller à sa rencontre. Établir un premier contact et… puis quoi, au juste ? Lui dire qu’il était l’assassin malgré lui de sa défunte sœur, mais qu’elle pouvait se rassurer, car cette dernière l’avait envoyé à sa rencontre pour qu’il prenne soin d’elle jusqu’à ce qu’elle s’émancipe de sa famille ? Uh-hu, ça n’allait absolument pas le conduire tout droit dans une cellule de dégrisement, ou devant un psy.

Il passa une main sur son visage en imaginant différents scénarios hypothétiques dans lesquels il partait seul à la rencontre de la dénommée Zoe. Aucun ne semblait promis à un avenir radieux.

Il leva les yeux sur la jeune femme qui lui avait promis son aide avec un naturel déconcertant. Pas comme si ça ne l’atteignait pas, non… Juste comme si elle avait l’habitude de ce genre de développement.

- Vous prenez ça drôlement mieux que moi. Dit-il, essayant d’injecter un peu de légèreté dans ses paroles, Répondre aux dernières volontés de disparus… Ça vous arrive souvent ? Vous pensez qu’on peut faire quelque-chose… pour Zoe, je veux dire ? Est-ce qu’il faudrait la contacter par message, ou… Ah, mais c’est pas comme si on connaissait ses identifiants sur les réseaux.

Il lui avait demandé cela le plus naturellement du monde, comme s’ils étaient à présent liés par la promesse implicite de respecter l’ultime souhait de Sarah. Peut-être que c’était le cas. Ou peut-être qu’il se berçait juste d’illusions et qu’elle allait dégainer un calepin pour lui rédiger une note de frais.

- Excusez-moi… Vous proposez de m’aider, et je ne vous ai même pas demandé votre nom. Vous connaissez déjà le mien, bien sûr.
Gaïa Karalis
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Ex-élue du Bliss, d’un groupuscule sectaire aux dérives violentes dont elle n'a plus aucun souvenir grâce à la severance artificielle. Maintenant, c'est une autoentrepreneuse dont le business dépend entièrement de son altération : celle-ci est mise au services des endeuillés, des forces de l’ordre, ou en fait de n’importe qui se présentant avec une demande assez raisonnable pour les billets proposés en échange.
...A l'exception des fantômes eux-mêmes, qui payent en informations ou en services.
Gaïa Karalis
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Si à cet instant précis, l’assassin involontaire s’était désolidarisé de l’ultime souhait de sa victime, aurait-ce été surprenant? Après tout il pourrait rejeter l’entière responsabilité de ce qui arrive sur le Bliss, se considérer comme l’une des victimes de ces évènements… mais il ne l’a pas fait.
Il y a des rumeurs sur les altérés, des on-dit. La forme que prendrait l’altération serait dépendante de celui qui la reçoit, de son esprit… comme si le Bliss nous utilisait pour faire passer un message. Mais quel message veut-il transmettre au travers d’un pâtissier devenu meurtrier malgré lui? Pour ensuite m’amener moi, une autre messagère, devant les conséquences de ses actes involontaires. Comme s’il tissait un fil précis d’évènements.
Alors quelque part, si je n’étais pas sincèrement touchée par la situation, le simple fait d’en apprendre plus sur les plans du Bliss serait suffisant pour m’y intéresser.

Epuisée par les évènements, je retourne m’asseoir auprès de mon verre et en boit une gorgée, avant de m’accouder à la table pour réfléchir:

“Bon…bah déjà, dans un premier temps on devrait éviter de l’approcher directement. Une fois qu’on l’aura identifiée, j’veux dire. C’est peut-être un peu flippant, mais au début faudra peut-être se contenter de l’espionner de temps en temps…histoire de voir si tout va bien, qu’elle a pas de problèmes qui nécessitent notre aide.”

Car bon, tout le monde a ses problèmes, mais Sarah n’avait vraisemblablement pas dans l’idée de nous envoyer retirer les brocolis du menu de la cantine car sa soeur n’aime pas ça.

“Pendant l’enquête sur euh…vous, Sarah m’a montrée là où elle vivait. C’est pas très loin de votre ancienne boutique, donc ça nous fait déjà ça. Faudra ensuite qu’on trouve où est son lycée, si elle a des activités extrascolaires, …”

Après une autre gorgée de boisson, mon esprit saute d’une pensée à l’autre, s’attardant sans transition sur les autres questions que le pâtissier m’a posée:

“Désolée, quand je suis lancée dans mon truc… mon nom est Gaïa. Gaïa Karalis, j’suis medium comme vous l’avez surement deviné. Et…ouais, on va dire qu’avec mon métier je cotoie toute sorte d’histoires, mais elles sont toutes uniques à leur manière. Je sers les vivants qui ont besoin de parler aux disparus, ou les disparus eux-mêmes quand ils viennent me voir.”
Frederick Byracka
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La vie est moins amère avec un petit morceau de sucre.
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Ancien patron des "Délices du Bliss", connu pour ses pâtisseries aussi divines qu'onéreuses, Frederick avait pour habitude de vivre dans l'opulence. Se considérant comme génie culinaire et visionnaire dans son domaine, il vivait pour son Art.

Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
Frederick Byracka
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La rapidité avec laquelle Gaïa établi un plan d’action lui donna l’impression d’assister à une course de relai dans laquelle elle serait seule membre de son équipe. Elle raisonnait avec une facilité déconcertante pour l’homme qui passait parfois dix minutes à hésiter entre une gousse de vanille de Madagascar ou de Papouasie (pour au final les mélanger).

Une chose était clair : elle avait l’habitude de faire ça. Frederick ignorait encore s’il avait de la chance de s’associer avec une pointure du milieu, ou s’il devait s’inquiéter de la vitesse à laquelle elle avait échafaudé son plan de surveillance. Bon, il fallait dire aussi qu’il l’avait surpris à farfouiller impunément chez lui, donc il n’y avait peut-être pas de quoi s’étonner à ce point.

- Je vois… Murmura-t-il, juste pour dire quelque-chose.

Frederick tapota le bout de ses doigts sur le bord de la table en réfléchissant aux indications de la médium. La sœur de Sarah vivait à quelques pas de sa boutique -une chance dont ils seraient bien bête de se priver-. Ils pouvaient facilement s’installer dans ses appartements, à l’étage, pour observer les passants dans l’espoir de tomber sur la dénommée Zoe et d’identifier ses amis et toute indication qui pourrait les mener à son école–

D’un coup d’un seul, l’énormité de ce qu’il s’apprêtait à faire lui revint à la figure comme un boomerang. Est-ce qu’il était vraiment en train de songer à passer un temps prolongé à BlissTown, à la demande d’une disparue ?

Pour Gaïa, tout ça semblait normal : une partie de sa vie, sa vocation. Il doutait fortement que les esprits la rémunèrent depuis l’au-delà, mais après tout qu’est-ce qu’il pouvait bien savoir sur le sujet ? L’existence même d’un au-delà ne lui avait jamais vraiment traversé l’esprit avant tout ça.

Dans un sens, le Bliss avait confié à la jeune femme une mission… peut-être pas divine, mais qui flirtait dangereusement avec l’idée. Un devoir sacré, que seule elle pouvait accomplir.

Quand à lui… Il cherchait autant à expier ses fautes qu’à s’assurer de ne pas être visité par le souvenir de Sarah s’il venait à échouer à honorer la tâche qu’elle lui avait confié. Rien de sacré dans sa démarche, mais il supposait qu’il avait au moins l’illusion du choix.

- Ce n’est pas fatiguant, d’être continuellement le médiateur dans des histoires qui ne vous concernent pas ? Demanda-t-il, réellement curieux.

Frederick appréciait la paix relative qu’il avait cultivé au fil des ans : pas d’attaches trop importantes, ce qui lui évitait de s’impliquer dans des querelles chronophages, et une tendance à tenir tout le monde à distance. Rien que l’idée d’être amené à s’immiscer dans les affaires de quelqu’un qui ne lui avait rien demandé le mettait mal à l’aise, alors en faire son métier…?

Prêtant une oreille à la jeune femme, au cas où elle souhaitait lui répondre, il se dirigea vers le manteau accroché à l’entrée et farfouilla rapidement dans ses poches pour en retirer un petit porte-clé sur lequel étaient accrochés deux jeux de clés. Il les observa un instant avant de reporter son regard sur Gaïa et de secouer légèrement la tête. Il décrocha l’un des jeux et glissa le reste dans sa poche.

S’approchant de la médium, il prit une légère inspiration et lui tendit les clés du bout des doigts.

- Pour des raisons… évidentes… je ne peux pas me rendre à BlissTown sans savoir exactement ce qu’on cherche. S’il pouvait s’éviter un jeun de plusieurs jours, ça l'arrangerait, Mais on doit en apprendre plus sur Zoe et… J’espère que ça pourra vous faciliter la tâche, de votre côté. Je peux vous donner mon numéro, ou… Vous pouvez repasser me voir quand vous en saurez un peu plus ? En toquant, cette fois.

Il déposa le jeu de clé dans sa main et il était clair que le geste lui coûtait, malgré l’air léger qu’il essayait de se donner. Les Délices du Bliss, c’était son plus grand accomplissement. L’affaire d’une décennie à se battre bec et ongle pour son ouverture.

- Ce sont les clés du Délices. Du Bliss. Ma boutique. Précisa-t-il après un blanc, Si Sarah habitait près de chez moi et que vous voulez surveiller Zoe de loin… Vous pouvez utiliser mon appartement. Il est à l’étage de la boutique.

Il enfonça ses mains dans ses poches, de peur de les voir rattraper ses précieuses clés pour les ramener auprès de leur digne détenteur. De toute façon, ce n’était pas comme s’il avait le choix, pas s’il voulait dormir tranquille à nouveau un jour.

- Juste. Promettez-moi de ne toucher à aucun aliment là-dedans. Avertit-il sérieusement, Normalement tout a été jeté, mais si jamais… Je n’ai pas envie d’être visité par une autre médium qui viendrai me communiquer vos dernières volontés.

Il s’éclaircit la gorge.

- Et comme ça, pas la peine de crocheter la serrure de la boutique, n’est-ce pas ? Ajouta-t-il avec un sourire pour se défaire de sa remarque un peu glauque.
Gaïa Karalis
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Est-ce que mon métier est fatiguant? V’la bien le genre de question qui me donne qu’une envie : allumer une cigarette au bord de la fenêtre de ma chambre ou sur la chaise du balcon, et souffler un volute de fumée vers le ciel nocturne surplombant les buildings. Un rituel quotidien d’une dizaine de minutes, un précieux moment de temps libre que je m’impose chaque jour pour ne pas perdre pied…et qui n’est pas toujours respecté. Tout comme les heures de sommeil…

“J’imagine que ça l’est. Mais comme je sais rien faire d’autre, s’pas comme si mon énergie était utilisée ailleurs.”

Y’a bien deux ou trois autres passe-temps qui m’occupent, comme les petits montages photos, mais en dehors de ça pas de réelle autre passion ni de talent à exploiter.
Donc au final le Bliss m’a donné une voie via cette altération, et il n’y a aucune raison d’en suivre une différente.

J’suis un peu surprise quand il revient pour me confier sa clé, mais écoute attentivement les instructions et explications qui suivent. Quelque part j’dois me retenir de lui demander s’il est vraiment sûr…mais il a déjà répondu à cette question plus tôt, en refusant ma proposition de l’alléger de cette charge. Sans être psy, c’est pas dur de comprendre qu’il filerait pas les clés de sa précieuse boutique à n’importe qui.
Si je dédie ma vie aux fantômes, Frederick la dédie au sucre et à la farine de blé. Si on a bien un truc en commun, c’est cette dévotion dévorante à nos vocations respectives, alors je suis très bien placée pour comprendre tout ce qui se cache derrière ce geste aussi simple que placer un trousseau de clés dans la main d’une inconnue.

Comme pour s’emparer fermement de cette confiance placée en moi, mes doigts se referment sur l’objet métallique, et j’hoche la tête en souriant : "Vous en faîtes pas, je prendrai soin de votre bébé… y compris de la serrure.”

Avec les mêmes précautions que si elles étaient faites du même sucre utilisé dans les pâtisseries autour de nous, je range les clés dans ma sacoche, à côté des miennes. Comme ça pas de risque de les perdre !

“Bon.” Je termine mon verre d’une traite, puis me redresse : “J’vais juste prendre votre numéro, et j’vous appelle si y’a quelque chose? C’est que j’commence à crever de chaud dans ce désert, moi.”
Quand on a passé toute sa vie dans un micro-climat artificiel…

“Et dans le même temps…vous devriez peut-être vous pencher un peu sur le Bliss. J’me doute que l’envie n’y est pas, mais peut-être qu’en comprenant mieux les altérations, vous trouverez une solution pour la votre? “

Est-ce que je crois à ce que je dis? Oui.
Est-ce j’ai des preuves? …Pas vraiment, mais depuis quand la foi a besoin de preuves?
Frederick Byracka
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Biographie :
Ancien patron des "Délices du Bliss", connu pour ses pâtisseries aussi divines qu'onéreuses, Frederick avait pour habitude de vivre dans l'opulence. Se considérant comme génie culinaire et visionnaire dans son domaine, il vivait pour son Art.

Depuis la découverte de son Altération, il a choisi l'exile pour continuer à exercer sa passion sans vivre dans la peur constante d'empoisonner quelqu'un.

Le problème, c'est qu'il lui est bien difficile de trouver des ingrédients de qualités là où il se trouve à présent... Et il faut avouer qu'il peine un peu à se mélanger aux reclus de la société qui ont fait de Stone Belt leur terrain de chasse.
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Elle répondit à sa boutade en lui assurant qu’elle ferait attention. Pas de roulement d’yeux exaspérés ou d’air contrarié pour accompagner ses dires; elle avait l’air sincère et semblait, à moindre mesure, comprendre les efforts qu’il fournissait en se séparant de ses clés. Le trousseau fut glissé dans sa sacoche, et Frederick regrettait déjà son absence. Il supposait qu’elles étaient ses clés, pour le temps présent.

Attrapant son téléphone, il pianota un instant sur l’écran puis se chercha dans sa liste de contacts pour pouvoir communiquer son numéro à la jeune femme. Autant il connaissait par cœur le numéro de sa boutique et ceux de quelques fournisseurs, autant son propre numéro lui était complètement inconnu. Après tout, ce n’était pas comme s’il le communiquait souvent.

Il récita un peu machinalement la série de chiffres et attendit que la jeune femme fasse sonner brièvement son téléphone pour qu’il récupère à son tour son numéro. Il réfléchi un court instant avant de simplement l’enregistrer sous “Gaïa”.

La jeune femme s’était levé au courant de leur échange, prête à prendre congé maintenant que la présence qui l’avait conduit ici s’en était allé. Elle lui promis de le tenir informé de l’avancée de son enquête, et Frederick approuva à demi-mots. Il s’imagina croiser le regard de Zoe, cette dernière parfaitement inconsciente de qui il était, et stoppa le cours de ses pensées. Jusqu’à aujourd’hui, il ignorait qu’on pouvait à la fois être pressé qu’une chose de produise, et craindre plus que tout qu’elle arrive.

S’apprêtant à combattre la chaleur extérieure, Gaïa lui adressa un dernier regard sur le pas de la porte, l’invitant à chercher à comprendre le Bliss plutôt qu’à le fuir jusqu’à nier sa propre existence. Comme si comprendre jusqu’où son altération pouvait aller lui apporterait autre chose qu’un pic d’anxiété.

- Peut-être. En temps voulu. Répondit-il, cryptique, histoire de ne pas lui répondre non, J’attendrai de vos nouvelles, alors. J’imagine que c’est ici qu’on se quitte.

Il ouvrit la porte, l’air chaud du désert s’engouffrant dans l’embrasure et la lumière inondant soudain l’environnement calfeutré dans lequel ils avaient conversé. Il cligna rapidement des yeux dans une vaine tentative d’ajuster sa vue à la luminosité criminelle de cette journée.

Se décalant de l’entrée, il invita la jeune femme à passer et hocha brièvement la tête en signe d’au revoir, prêt à refermer la porte derrière elle avant de se raviser. Portant l’une de ses mains en viseur pour ne pas la fusiller du regard, il l’appela avant qu’elle ne rejoigne sa voiture.

- Ah, et Gaïa ? Merci pour tout. Faites bonne route.

Il lui adressa un signe de la main et referma la porte derrière lui. S’appuyant un moment contre cette dernière, il ferma les yeux et compta jusqu’à dix, lentement. Et dire que la journée n’en était qu’à sa moitié.

Les dernières paroles de Gaïa tournaient dans son esprit. Étudier son altération pour mieux la comprendre, la tester pour l’apprivoiser, à la manière des premiers Hommes qui se mirent en tête de domestiquer les loups, peut-être. L’idée ne lui disait rien qui vaille, s’il était totalement honnête. A quoi bon tendre la main à un prédateur affamé, si on savait déjà d’avance ce qui allait se passer ?

Pourtant, s’il en connaissait les déclencheurs, il aurait certainement pu éviter la tragédie dont l’avait mis au courant Gaïa aujourd’hui. En ce sens… C’était sans doute utile qu’il se penche sur son altération. Et bon sang, ce que l’idée lui déplaisait. De toute façon, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il était sensé chercher.

Il soupira longuement et zyeuta la bouteille de liqueur toujours posée sur la petite table du coin repas. Un autre verre ne lui ferait pas de mal.

Son altération était dangereuse. Plus qu’il ne l’avait soupçonné à la base. Tester ses limites reviendrait à se mettre une nouvelle fois en danger, cette fois-ci en ayant pleinement conscience des risques.

Frederick esclaffa soudain. Il n’avait pas pensé à un petit détail : s’il lui arrivait quoi que ce soit, il pourrait toujours retrouver Gaïa et la hanter pour lui avoir mis dans la tête cette folle idée d’en apprendre plus sur son altération. On verra alors si la médium était toujours aussi reconnaissante pour son don, avec son fantôme amer collé aux talons à longueur de temps.

C’était déjà assez étrange que l’idée l’amuse à ce point, mais ce n’était probablement pas normal du tout que, d’une certaine façon, elle le rassure autant. Mais bon, ce n’était pas comme si les psychologues couraient les rues dans sa petite communauté, alors pourquoi s’empêcherait-il de s’amuser de la situation tant qu’il le pouvait ? Surtout qu’il était quasiment sûr que sa rencontre futur avec Zoe lui couperait toute envie de rire.

[ Fin ]
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