La porte du bureau se ferma doucement, Rory s’assura de lacher la poignée une fois que les charnières formèrent un angle parfaitement droit témoignant que le secret de ce qui était à l’intérieur était à nouveau bien gardé : Le maître du haut-château comme Rory l’aimait à l’appeler dans ses pensées. L’éminence grise jubilait de voir son pantin favori user d’une telle précaution alors même qu’il avait parfaitement conscience du bouillon de rage qui tournoyait à l’intérieur de l’Irlandais et qu’il aurait surement arracher les gonds en brutalisant cette satanée porte s’il avait été à sa place.
Rory ne comprenaît pas ce que son supérieur lui avait ordonné. Ses pensées s’entrechoquaient au rythme de ses pas pendant qu’il traversait les couloirs de l’hyperstructure de Jupiter.
Un entretien avec la presse, maintenant, représenter Jupiter.
Quelle farce, lui qui n’était qu’un intervenant ! Et si on lui posait des questions sur les choix politiques en matière de maintien de l’ordre, sur des affaires auquel il n’a pas été convié. N’y avait-il pas meilleur entretenu, un administrateur peut être ? S’il était certain que Mr. Blackwell n’aurait jamais levé le petit doigt, Mr. Thorne quand à lui était bien plus accessible !
Quand bien même l’entretien était bidon et qu’il y aurait une vérification par nos services.
Un souffle glacé s’était niché dans sa nuque. Il humidifia ses lèvres d’un coup de langue, le Bliss était très capricieux aujourd’hui, sa main glissa au niveau de sa poche pour s’assurer inutilement que la boîte qui lui permettrait de s’y glisser si les bourrasques de l’anomalie de la ville venait à le disperser était toujours là.
Quelle journée excecrable alors même qu’elle venait tout juste de commencer.
Rory soupira et redressa ses épaules avant de tourner furtivement en direction des commodités afin de s’observer dans la glace, l’inquiétude se lisait sur son visage. L’éclat de malice qui d’ordinaire se logeait dans ses larges yeux s’était terni. Ses doigts passèrent sur son visage, malaxant ses joues pour donner un peu plus de vie à son teint de porcelaine. Contempler son état d’esprit autant marquer son visage le mit encore plus hors de lui et l’étincelle de détermination l’embrasa enfin.
Ses lèvres se pincèrent tandis que ses doigts domestiquèrent les mèches de ses cheveux. S’il avait su, il aurait au moins emporter un peigne avec lui.
Finalement le voilà attendant patiemment sur sa chaise, le dos bien droit, les mains sur les cuisses de son pantalon fuselé en faisant attention de ne pas abimer les plis. Un nœud illuminant son cou.
Cette étrange sensation d’être le petit nouveau qui attend la personne s’occupant des ressources humaines pour un entretien d’embauche.
Ressaisis-toi Rory, c’est toi qui accueille la journaliste. Un sbire l’amène jusqu’à toi.
Le Boss t’a pas mis là, toi, sa personne de confiance pour rien. Il y a une intention cachée derrière tout ce cirque et il s’agira pour toi de la dénicher.
L’appel du jeu transforma timidement l’appréhension en une jubilation particulière.
Entretien incongru, plaisir partagé ?
La tour principale de L'Olympe, la plus haute de toutes, trône majestueusement au sommet. C'est là que se trouve le siège administratif de la ville, le lieu où les décisions cruciales sont prises. Perché à son sommet, le bureau du Maire, véritable sanctuaire du pouvoir, offre une vue panoramique imprenable sur la mégalopole cyberpunk étendue à perte de vue.
Chaque bâtiment de l'ensemble est soigneusement conçu pour remplir des fonctions spécifiques.
Du côté Est, les tours sont dédiées à la sécurité, abritant les quartiers généraux des forces de police, ainsi que des centres de formation et des installations de détention dernier cri. La technologie de pointe règne en maître dans ces bâtiments, offrant une surveillance constante et une réponse rapide face à la criminalité galopante... Et c'est là que je me rend.
Bliss-News voulaient à tout prix une interview d'un membre de Jupiter et au lieu d'envoyer un stagiaire plein d'ambition et en bonne santé, ils ont envoyé une femme dépressive et malade... En plus, mon job c'est les enquête de terrain, pas de questionner les officiels comme une débutante !
]i]*Atchoum !*[/i]
C'est le quinzième éternuement depuis que je suis partie au volant de mon véhicule pour rejoindre le lieu du rendez-vous. Le Bliss est de mauvaise humeur aujourd'hui et mon altération redevient une malédiction... Avoir froid et être enrhumé en plein été... Super, merci le Bliss !
J'arrive enfin au premier poste de contrôle ou cinq sentinelles gardaient comme de bons Cerbères le portail blindé coulissant qui menait aux locaux du dieu olympien.
Une fois arrivé à leurs niveaux, je présentais ma carte de presse et mes autorisations.
Après un long moment de concertation, les plantons m'ont autorisée à pénétrer dans l'antre de Jupiter.
Je garais alors mon véhicule dans le parking sous terrains des visiteurs avant de me diriger vers un ascenseur.
Une femme d'une quarantaine d'année m'avait alors rejoint. Elle se présenta comme l'agent Smith et regarda ma tenue avec curiosité.
Je portais une robe rouge en laine, des collants noirs fort opaques et une écharpe me couvrait le cou. Un grand manteau noir couvrait mes épaules.
J'avais tout de même fait l'effort de trouver un ensemble élégant mais plus propice à la saison hivernale.
La jupitérienne me salua en affirmant que c'était un plaisir pour elle de me recevoir.
J'éternuais et un frisson me parcouru l'échine.
Elle mentait... Pour éviter qu'elle parle encore et aggrave mon état de santé, je ne lui dit mot et nous nous engouffrâmes dans l'ascenseur.
Après une ascension aussi interminable que gênante, l'ascenseur s'arrêta et nous nous sommes engouffrés dans un couloir labyrinthe jusqu'au lieu de l'interview.
Je remerciais l'agent Smith et pénétrais dans le bureau où un homme bien habillé m'attendait.
-« Bonjour monsieur, je me nomme Lin Wen, journaliste d'investigation pour Bliss-news... Merci d’avoir pris le temps de me rencontrer.»
Je lui tendis la main et me préparais mentalement à mener cette séance de questions réponses. Cela devait surement le déranger autant que moi, alors faisons ça vite et bien.
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